Polémique

L’IJRC réitère son opposition au changement de format de la Coupe des Nations

Quand c’est non, c’est non. Réunie à Rome fin mai, à l’occasion du CSIO Piazza di Siena, l’IJRC (International Jumping Riders Club) a réitéré avec force son hostilité à un changement de format des Coupes des Nations comme annoncée par la FEI à compter de 2024. « Il est dans l’intérêt de toutes les parties concernées – Fédérations nationales, cavaliers, parties prenantes, comités d’organisation – de maintenir le format de la Coupe des Nations » a une nouvelle fois martelé la structure non lucrative qui représente les cavaliers internationaux de saut d’obstacles.

Réunion empreinte de gravité à Rome pour parler Coupe des Nations avec Giovani Malago (Président du Comité Olympique Italien), Marco di Paola (Président de la Fédération Equestre Italienne), Kevin Staut (Président de l’IJRC), Eleonora Ottaviani (Directrice de l’IJRC), Di Lampard (Chef d’équipe pour la Grande Bretagne). Crédit IJRC.

La réunion de l’IJRC et le communiqué de presse qui en émane constituent une réponse à la FEI qui a présenté débuté avril la nouvelle version qu’elle entend mettre en œuvre dès la saison prochaine.

Si les deux parties partagent le même constat, à savoir que les Coupes des Nations sont une compétition en perte de vitesse en raison notamment d’un manque de dotations attrayantes, les divergences sont fortes sur le remède à employer pour relancer la vieille dame.

De leur côté, les cavaliers, via l’IJRC, se posent comme les gardiens de l’esprit sportif de la compétition alors que la FEI est accusée de dévoyer un bijou du sport pour des motifs mercantiles.

Il est vrai que ce que propose la FEI n’est rien d’autre qu’un remède de cheval pour aligner les Coupes des Nations sur les formats des circuits Rolex ou du Global Champions Tour dans lesquels l’argent coule à flots. Mais la menace principale n’est pas tant l’argent lui-même que cette idée, née on ne sait où, qu’il faudrait simplifier au maximum les règles et adapter la compétition aux contraintes de la télévision pour disposer d’une recette efficace. De toute évidence ces laborantins du business n’ont jamais du regarder du rugby, sport médiatique malgré des règles complexes et des rencontres de 80 minutes. Si on y ajoute l’idée saugrenue, mais bien dans l’air du temps, d’un nivellement par le bas du niveau soit-disant nécéssaire afin de renforcer l’accès à des équipes de pays émergents, on arrive à un cocktail explosif. Etrangement, on retrouve-là des orientations fixées par le CIO dont la boussole est la soif de l’or.

A cet énoncé, on comprend vite que l’on revit le combat classique de David contre Goliath, celui du pot de terre contre le pot de fer. Les athlètes, à leur corps défendant, et malgré leur notoriété, ne tiennent plus les rênes de leurs fédérations. Le sport est une affaire trop sérieuse (financièrement) pour être laissée à des cavaliers auxquels on ne demande que de prendre leur chèque et de faire la potiche sur les photos glacées de la FEI. 

Les combats désespérés sont les plus beaux. Il y a un véritable panache de la part des Staut, Guerdat, Skelton et consorts à tenter de défendre les fondements et la beauté de leur sport. Leur demande est pourtant simple : maintenir un format en deux manches en additionnant les scores respectifs avec barrage éventuel. A l’inverse la FEI propose une manche avec un barrage comme en Grand Prix ou, autre formule possible, deux manches mais dont la première ne servirait qu’à arrêter l’ordre de départ de la seconde.

Alors les Coupes des Nations, sujet anecdotique ? Peut-être. Mais il en dit long sur un mouvement sportif mondialisé dans lequel les athlètes ne sont plus les acteurs mais de simples intermittents du spectacles à haut niveau et, une clientèle captive pour les autres. Tous les autres.

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