Ludger Beerbaum accusé de maltraitance animale

Ludger Beerbaum, figure tutélaire du jumping allemand, est mis en cause par la chaîne allemande RTL qui, après une longue enquête de deux années, dénonce des méthodes brutales dans l’entrainement de ses chevaux. Ces accusations ont immédiatement fait réagir la fédération équestre allemande et la FEI qui prennent l’affaire très au sérieux. L’intéressé, actuellement en Floride a indiqué par la voix de son attachée de presse qu’il s’exprimera après avoir pris connaissance de l’enquête de RTL.
La chaîne allemande n’a pas lésiné sur les moyens. Alertée, ou alléchée, vraisemblablement par certaines rumeurs elle a infiltré (!) une journaliste comme stagiaire dans les écuries de Ludger Beerbaum. A l’issue de deux années en sous-marin, le bilan peut paraître maigre. Le quadruple champion olympique est principalement accusé de barrer ses chevaux. La vidéo diffusée par RTL le 11 janvier ne permet pas toutefois d’identifier le champion allemand.
L’image de ce dernier avait été entachée en 2009 par ses déclarations spontanées à un quotidien sur les pratiques de dopage. « Dans le passé, j’avais pour règle de conduite : pas vu, pas pris ». Cet aveu avait créé une onde de choc outre-Rhin et une vague de sanctions dont la dissolution des directions techniques des disciplines équestres olympiques. Puis le temps avait fait son oeuvre. Mais l’affaire RTL renvoie immanquablement à ce jeu du « pas vu, pas pris ». A-t-il été totalement abandonné par Ludger Beerbaum ou les vieilles habitudes seraient-elles revenues au galop ?
A la tête d’une des plus grosses écuries mondiales de saut d’obstacles, Ludger Beerbaum a bénéficié d’une reconnaissance majeure en 2021 par les autorités équestres internationales qui lui ont confié en dernière minute, en remplacement d’un hôte défaillant, l’organisation des championnats d’Europe, chez lui dans ses écuries de Riesenbeck. Un pari plus que réussi de l’aveu même de ses pairs.
L’année 2022 débute elle sur un tout autre registre. Le champion allemand pourrait bien vaciller de son piédestal à une époque où déboulonner les statues est à la mode. La pression de l’opinion publique pour le respect du bien-être animal est aujourd’hui à son paroxysme. Le fossé semble se creuser entre des professionnels animés par des enjeux sportifs et économiques et, une masse d’individus, souvent très éloignée du monde du cheval, qui se radicalise sous l’influence des réseaux sociaux autour du bien être d’un animal qu’ils ne connaissent souvent pas ou peu.
L’infiltration, digne d’un mauvais polar, et le recours à une caméra cachée sont des pratiques qui interpellent de la part d’un média aussi sérieux que RTL. Ces méthodes habituelles d’organisations militantes comme L214 semblent disproportionnées par rapport aux faits reprochés à L. Beerbaum. Maltraitance animale, vraiment ? Tout est relatif. On parlera plutôt de méthode dépassée, rustique au mauvais sens du terme. Le risque, on le voit bien se profiler derrière cette affaire, c’est à terme la condamnation de l’enfermement des chevaux dans des boxes et leur utilisation, contrainte, à des pratiques sportives.