Polémique autour des ambitions françaises pour les championnats d’Europe de Milan

C’est le genre de phrase parfaite pour mettre en ébullition les réseaux sociaux. Dans un entretien accordé à Grand Prix, Henk Nooren, semble mettre entre parenthèses les championnats d’Europe de saut d’obstacles qui se dérouleront dans une semaine à Milan au profit d’un objectif majeur, assumé et revendiqué : les JO de Paris 2024. Voulant tirer au maximum le parapluie, le sélectionneur national a avancé : “Nous croyons en nos capacités de bien faire et nous espérons pouvoir obtenir une médaille à Milan, même si une belle quatrième ou cinquième place pourrait également nous satisfaire”.
Qui trop embrasse, mal étreint. Un objectif sportif aussi flou, qui donne le sentiment que l’on se contentera du résultat, bon ou médiocre, a suscité l’ire des internautes. L’équipe de France est certes atypique dans le paysage international en raison d’une rare irrégularité où les Austerlitz peuvent succéder aux Waterloo du jour au lendemain. A cette pratique de l’ascenseur émotionnel les Français sont de loin les champions du Monde. De là à donner le sentiment de faire avec et de considérer les échéances majeurs comme une loterie, il y a un pas.
La préoccupation majeure de tout coach qui se respecte est de voir son équipe prête, à l’apogée de ses capacités, le jour J. Ni avant, ni après. Il n’empêche, à une année des JO, les contours de l’équipe de France apparaissent bien flous. Un rendez-vous aussi important que celui des championnats d’Europe devrait donner lieu à des ajustements, à de derniers réglages plutôt que ce qui ressemble à des tâtonnements hasardeux. On ne sent pas aujourd’hui la force montante d’un collectif qui progresse en expérience mais, à tort ou à raison, un certain flottement.
A cet arrière-goût d’un collectif laborieux et d’un staff hésitant, on préférait une équipe déterminée à arracher, fût-ce avec les dents, une médaille d’or. On souhaite naturellement se tromper, c’est d’ailleurs tout l’intérêt du sport que d’offrir de l’inattendu, mais force est de constater que l’équipe de France actuelle n’a pas (encore) le « je ne sais quoi » de ses aînées.
On prête au baron de Coubertin la formule selon laquelle l’important serait de participer. Ce serait pourtant bien méconnaître les Français, peuple rebelle mais cocardier, de penser qu’une 4ème ou 5ème place puisse être perçue comme un résultat honorable, notamment pour des Jeux Olympiques se déroulant à la maison. Ce devra être une médaille ou rien. Il est temps pour les Bleus de sortir de la grisaille et de relever le niveau d’exigence.
Croisons les doigts pour que Milan signe le début d’une spirale vertueuse et non l’enfoncement dans le doute ou l’aléatoire mortifère.