Les Bleus en bronze à Versailles
La barre avait été placée très haute par les chefs de piste, auteurs d’un parcours à la fois énorme et délicat. Exigeant diront certains. Très exigeant, à l’image de ces jardins « à la française » tracés au cordeau où la moindre erreur n’a pas sa place. Portés par un public déchaîné et le poids grandiose des lieux et de son histoire, les Français ont tenu leur rang. Les rouges l’emportent (Britanniques en or et Américains en argent), mais les Bleus ont plus que résisté et décrochent une médaille de bronze bienvenue qui clôt de belle manière les polémiques si françaises. Bravo Messieurs !
Gloire à nos héros du jour Simon Delestre (Amelusina), Olivier Perreau (Dorai d’Aiguilly) et Julien Epaillard (Dubaï du Cédre) qui, à défaut de la couronne de lauriers, peuvent avoir légitimement le sentiment du devoir accompli. Notamment Olivier Perreau, le seul à avoir livré une prestation vierge de toute pénalité, alors que Simon Delestre a enregistré 3 points de dépassement de temps et que Julien Epaillard a fait tomber une barre, mais en signant un tour rapide. Une vélocité déterminante puisque ex aequo en pénalités avec les Néerlandais, les Français accèdent au podium au bénéfice du chronomètre pour moins d’une seconde. Le détail aurait plu à Napoléon, qui, avant de nommer des officiers généraux, s’enquérait toujours de savoir s’ils avaient de la chance.
La chance, il en faudra lundi et mardi prochains dans les épreuves individuelles pour tenter de s’imposer face à des couples redoutables d’efficacité alors que les parcours devraient encore gagner en difficultés. L’Américain McLain Ward, à ce titre, a livré une prestation des plus époustouflantes aux commandes d’Ilex. Délivrés de la pression de ramener une médaille, nos Tricolores qui ont engrangé aujourd’hui de la confiance ont un coup à jouer. Il leur faudra tout de même se méfier, notamment des vestes rouges.
Ils ont dit (source FFE) :
Henk Nooren, sélectionneur national
“Hier, on aurait signé pour une médaille. Les cavaliers ont fait un très bon travail. Toute la compétition était merveilleuse. Bravo à tous et notamment aux deux chefs de piste qui ont fait un travail incroyable. Il y a eu du suspense à la fin, c’était un grand jour. On avait toujours l’espoir de faire mieux que du bronze, mais une médaille est toujours une médaille, c’est pour cela que l’on vient. C’est une bonne chose sachant que deux de nos cavaliers vivent leur première sélection olympique. Kevin est là, il fait partie de l’équipe et donne tout le temps des informations importantes.”
Simon Delestre
“Forcément, avec cette ambiance, c’est quelque chose d’incroyable. Après, ça rajoute encore de la pression supplémentaire. Maintenant, voilà, on est ici en France. On ne s’attendait pas à moins. Hier, ce qui comptait, c’était de se qualifier pour la finale. C’était aujourd’hui qu’il fallait sortir ce parcours et il l’a fait. Il a prouvé qu’il était là, qu’il était solide. Hier le temps était vraiment confortable, aujourd’hui il est serré et c’était vraiment une difficulté supplémentaire le temps.
À force, j’ai finalement réussi à gagner une médaille olympique ! On a été tellement portés par le public. C’est aussi un moment qu’on ne revivra jamais dans notre vie, qu’il faut apprécier. Il n’y a pas de mots pour décrire le fait d’obtenir une médaille ici en France. C’était un rêve qui s’est concrétisé. Ce qu’on a vécu là, c’est vraiment le Graal. Je remercie tout le monde. On a réalisé un boulot d’équipe formidable. On est aussi des amis dans la vie. Et de pouvoir partager ça avec un groupe comme ça, c’est quelque chose d’incroyable. Le staff a vraiment fait un boulot formidable depuis plusieurs mois. On prépare cela depuis des années. Cela s’est joué en piste aujourd’hui. On a été au bout de tout ce qu’on pouvait donner et ça a fonctionné. Olivier, pour ses premiers Jeux olympiques, a monté de manière remarquable. Grand coup de chapeau à ce couple ! Ce que vit Kevin, malheureusement, je l’ai vécu à Rio. C’est vraiment un moment très difficile quoi qu’il arrive. Il a été là toute la journée, proche de nous, il nous a soutenus, il a fait toutes les détentes. Il a vraiment été de bons conseils comme il l’est toujours. Merci à lui, malgré sa déception, d’avoir été plus que là.”
Olivier Perreau
“C’est le parcours, je crois, le plus important de ma vie. J’ai donné mon maximum et ma jument aussi, je suis resté dans ma bulle pour délivrer le sans-faute. Elle était parfaite au paddock. Je l’ai vraiment sentie très bien, mieux qu’hier, plus dans le coup. Le bon tour de Simon m’a motivé et tout s’est bien enclenché. Je suis ravi, c’est beaucoup d’émotions. On est une vraie équipe, avec un gros soutien de Kevin que je remercie énormément pour tous les conseils qu’il m’a donnés. Je remercie tout le monde de leur soutien, ma famille, tous ceux qui travaillent avec moi… Il y a beaucoup de pression. C’est la récompense pour tout le monde, le résultat d’années de travail. Et voilà, aujourd’hui on est ici à Versailles avec cette jument que j’ai fait naître. En entrant en piste, le public est une force. Le parcours est très technique, mais il suffit d’avoir un crack cheval et de bien monter. Il n’y a pas de piège, mais tout est délicat. Un grand bravo aux chefs de piste, un grand bravo à l’organisation. On a vécu un grand moment de sport aujourd’hui. Cette médaille est fantastique. Avec Dorai, on a gravi tous les échelons jusqu’aux derniers championnats d’Europe qui se sont bien passés. Et depuis, c’est vrai que c’était un objectif de venir ici. On a travaillé pour, je suis très satisfait de cette médaille.”
Julien Epaillard
“En entrant en piste, je pensais à mon parcours, à me concentrer le plus possible pour répéter le plan que j’avais en tête. Je voulais vraiment soigner le mur et je suis retombé vraiment très près derrière. J’ai relancé un peu trop fort mes quatre foulées. Il y a une faute de postérieur sur la première barre de l’oxer, ce qui peut arriver avec Dubaï quand je suis trop ouvert. Je dois vraiment arriver avec la jument tendue avec moi. C’est dommage d’avoir fait la faute ici, il y avait tellement d’autres difficultés techniques. Là, je m’en veux quand même un petit peu. Mais ce sont des parcours qui ne laissent pas la place à la moindre petite erreur. Je suis fier de ma jument, super fier de tous mes coéquipiers, de ce qu’on a fait aujourd’hui. Il y avait une pression incroyable, mais encore une fois une pression positive. On s’est tous battus, on s’est serré les coudes, on a beaucoup échangé, c’était des moments inoubliables. On peut regretter la faute, mais aussi on aurait pu, pour quelques centièmes de plus, passer quatrième. On voulait une médaille, on l’a. Ces moments vont rester gravés à vie dans une carrière.”
Le classement, ici.