Polémique

Changement de nationalité en vue pour Daniel Deusser ?

DD
Daniel Deusser

C’est un beau cas d’école révélé par le magazine Grand Prix à l’occasion du jumping de Bordeaux. Lors de la conférence de presse qui suit l’épreuve Coupe du monde, Sébastien Roullier, le rédacteur en chef du titre hexagonal, pose en anglais une question à l’apparence anodine au vainqueur, Daniel Deusser : « Vous reverra-t-on cette année en équipe d’Allemagne? »  En professionnel habitué à ce genre d’exercice, celui-ci lâche une réponse en langue de bois : « Ces derniers temps, nous avons eu de bonnes discussions. Je pense qu’une décision devrait être prise d’ici quelques semaines. » Même discrète, la crispation a été perceptible. Car derrière l’apparence souriante et lisse du gendre idéal, Daniel Deusser a ses zones d’ombres et ses petits secrets. Comme cette vieille histoire de dopage qui écorne son image et porte en elle les germes du doute : erreur de jeunesse ou pratique toujours d’actualité ?

On connaît le slogan : « doper, c’est pas jouer ». Mais s‘il est un sport sur le papier intraitable sur cette question, c’est bien l’équitation. Et pourtant régulièrement, au plus haut niveau, des affaires sortent avec parfois des présences de produits interdits inexpliquées sans que la bonne foi du cavalier puisse être mise en cause comme ce fût le cas pour Steve Guerdat.

Confrontée à de mauvaises habitudes beaucoup trop généralisées, la fédération équestre allemande a serré les boulons depuis 2017 en imposant aux athlètes qui intègrent l’équipe nationale un contrat en béton qui fait interdiction aux cavaliers, en cas de dopage, de se retourner contre la Fédération et éventuellement de saisir une juridiction de droit commun, mais aussi de se soumettre à des contrôles réguliers menés en dehors des compétitions assortis de l’obligation d’informer la Fédération de tous les déplacements 90 jours à l’avance. Bref, un filet dont les mailles sont tellement fines que les chances pour un contrevenant de passer au travers sont très faibles.

C’est aujourd’hui ce contrat que Daniel Deusser remet en cause. L’époux de Caroline Wauters, bien qu’installé en Belgique dans les écuries Stephex de Stephan Conter, aimerait beaucoup porter de nouveau la veste de la Manschaft mais, sans tous les contrôles. « Je ne comprends pas comment mes coéquipiers allemands ont pu l’accepter » avoue-t-il.

Officiellement, Daniel Deusser déclare espérer un accord avec la Deutsche Reiterliche Vereinigung (DRV). La ficelle parait un peu grosse. Les temps changent et les exigences éthiques vont plutôt dans le sens d’un renforcement des mesures en faveur du bien-être des chevaux. On ne voit pas comment la fédération allemande pourrait revenir sur une contrainte acceptée par les autres cavaliers dont un certain Marcus Ehning…

Plus sérieusement, on peut penser qu’il s’agit là d’une circonvolution visant à préparer l’opinion à une demande changement de nationalité. Tout comme Christian Ahlmann, qui se trouve dans une situation presque identique puisqu’il est le mari d’une Belge (Judy Ann Melchior, la fille du fondateur de Zangersheide, Leon Melchior), est le père d’une fille belge et vit en Belgique, Daniel Deusser pourrait demander la nationalité belge pour intégrer l’équipe nationale du Plat Pays.

L’histoire ne dit pas ce qu’en pensent les cavaliers belges « de souche » mais il n’est pas sûr qu’ils voient d’un très bon œil arriver des concurrents de ce gabarit susceptibles de les reléguer dans des rôles de réserviste.

De là à dire, que ces deux « mutations » constitueraient un séisme pour le milieu équestre germanique, c’est un pas qu’on se gardera bien de franchir. S’il est une nation qui possède un solide réservoir de talents, c’est bien notre voisin d’outre-Rhin. Par ailleurs, dans le jumping comme ailleurs, la notion d’indispensable est toute relative.

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