GP 5* de Fontainebleau : le Sacre du printemps pour Guerdat, la performance pour Leroy
La matinée avait bien commencé pour Steve Guerdat. Une victoire dans l’épreuve de vitesse débutée à 8h avait mis le Jurassien en jambes. L’après-midi aura ressemblé à une simple formalité dans un Grand Prix aux allures de répétition avant le grand rendez-vous de Versailles cet été. Seule tête de série qualifiée pour un barrage réduit à trois participants, le cavalier olympique de 2012 n’a pas eu à forcer son talent ni à pousser Dynamix de Belheme dans le rouge pour s’imposer devant Aurélien Leroy (Croqsel de Blaignac) et Jennifer Hochstadter (Golden Lady), invités surprise trop heureux de leur sans faute initial.
Malgré un temps mitigé une foule très nombreuse était présente ce dimanche autour de la carrière des Princes. Chaque mètre carré était prisé et le public d’amateurs avide de découvrir un Grand Prix 5* très prometteur sur le papier. Il faut dire que GL Events avait mis les petits plats dans les grands en transformant le site du Grand Parquet en une plateforme rêvée pour le sport de haut niveau, belle, fonctionnelle et conviviale. En s’adjoignant les services du duo désormais inséparable Santiago Varela-Grégory Bodo à la piste et en s’offrant un plateau de rêve, les organisateurs n’avaient pas lésiné sur les moyens. La pression était donc forte sur les hommes de l’art pour écrire le scénario d’une belle pièce. Leur copie, soigneusement travaillée, offrait un tour à 1.60 m composé de quatorze obstacles pour dix-sept efforts. Un tracé « délicat, technique, juste pour les chevaux », devait estimer Santiago Varela. Mais parce que l’équitation ne met pas seulement en scène des hommes, mais aussi des chevaux, les choses se passent rarement comme prévues.
On dira pudiquement que le parcours était ardu, suscitant un écrémage poussé au-delà de ce qui était souhaité, dont six abandons. Uniquement trois barragistes, c’est peu. Il s’en est fallu de pas grand-chose pour qu’on ne passe près de l’accident industriel. Les chefs de piste ont-ils mis la barre un peu haute ? Sans doute en termes de côtes (160) mais aussi de difficultés. « En regardant les statistiques, on a vu beaucoup de fautes sur des verticaux. Nous n’avons mis aucun cheval à l’effort, il fallait monter le tour du début à l’arrivée avec malice et dextérité sur l’équilibre des chevaux. C’était ce que j’appelle des fautes naturelles et légères » se défendait a posteriori Grégory Bodo.
Toujours est-il que les principaux cadors tricolores pressentis pour les JO s’y sont cassés, sans gravité, les dents. Julien Epaillard (Donatello d’Auge) avec une seule faute est arrivé à limiter les dégâts. Il termine 5ᵉ mais ne signe pas pour une fois la meilleure performance française. Celle-ci revient à Aurélien Leroy, 32 ans…, 341ᵉ au classement mondial.
Le sympathique cavalier des écuries de Corbière dans le Tarn a produit une prestation époustouflante, confirmant tout le bien qu’on dit de lui. Ce garçon a de l’avenir assurément, il l’a démontré de belle manière par sa performance qui s’inscrit dans une remarquable trajectoire ascensionnelle. Ce faisant, Aurélien Leroy prend rang tout comme Jennifer Hochstadter. L’élève appliquée de Marcel Delestre voit sa patience et son labeur récompensés. On ne croyait pas l’amazone du Liechtenstein capable d’une telle performance. Elle l’a fait de façon propre. Chapeau, Mademoiselle.
La glorieuse incertitude du sport confirme qu’en saut d’obstacles notamment, rien n’est jamais écrit. A l’exception presque de Steve Guerdat pourrait-on dire. Le Suisse pourrait parfois paraître blasé tant son palmarès est long comme un jour sans fin. Mais sa nonchalance est trompeuse. C’est celle des grands fauves dont l’appétit est insatiable. Modeste, il met toujours en avant ses montures dans ses succès. « Elle a de telles qualités qu’elle m’a rendu la vie très facile, sur ce parcours très agréable à monter », déclarait le vainqueur du Grand Prix à l’issue de celui-ci en parlant de Dynamix. Tout à son bonheur, le Jurassien deviendrait presque loquace. Quel champion !
Le classement complet, ici.