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Le péché d’orgueil d’Equita Lyon

Les affiches 4X3, sont déjà en place depuis plusieurs semaines dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elles annoncent comme tous les ans, début novembre, la tenue d’Equita Lyon, l’incontournable rendez-vous des amoureux du cheval. Un salon du cheval de 140 000 m² aux portes de Lyon doublé d’un CSI 5* et au total ses 150 000 visiteurs. Beaucoup d’habitués avaient mis une croix sur cette 26ème édition mais Sylvie Robert, l’organisatrice historique, relance le suspense en annonçant dans les colonnes de GrandPrix.info tout faire pour que cette manifestation ait bien lieu. Equita plus fort que la Covid ? On peut légitimement en douter au moment où le virus revient en force notamment dans les grandes métropoles, contraignant les pouvoirs publics à interdire comme à Marseille et à Bordeaux les regroupements de plus de 1000 personnes.

Equita Lyon est assurément une grande, une très grande réussite qui a débouché sur la création il y a quelques années de GL Events Equestrian Sport, le département équestre du Groupe GL Events, entreprise numéro 1 du marché événementiel dans le monde. Le professionnalisme de cette structure n’est plus a prouver, Sylvie Robert par sa personnalité ayant su maintenir un supplément d’âme et une coloration propre, reconnue par tous. Mais c’est justement en raison de ce professionnalisme que l’on peut être légitimement surpris par ce qui ressemble à un entêtement, pire à un déni de réalité.

Certes le milieu du cheval a tendance à vivre dans sa bulle, coupé du reste du monde et de ses agitations. Mais la Covid a fait éclater d’autres bulles à l’image de celle du monde agricole privé cette année du Sommet de l’élevage organisé traditionnellement début octobre à Cournon près de Clermont-Ferrand. Une manifestation internationale de trois jours, déterminante pour une filière en crise avec une jauge d’un peu moins de 100 000 visiteurs. Une manifestation qui n’aura pas lieu, interdite par le Préfet du Puy-de-Dôme, en toute logique sanitaire. A l’impossible, nul n’est tenu dit le proverbe. On ne voit pas comment, malgré un volontarisme chevillé au corps, GL Events pourrait maintenir Equita début novembre dans une période froide et humide propice au COVID-19 et aux premiers cas de grippe.

Au-delà du possible il y a aussi ce qui relève du souhaitable. Notre époque se singularise par un délitement de ce qui fait société, de la prévalence de l’intérêt commun sur l’individualisme, et d’un recul inquiétant du civisme. L’équitation est une formidable école de la vie, un creuset qui offre un cadre à beaucoup de jeunes et de moins jeunes, sans boussole ni repères. Laissez croire qu’Equita Lyon pourra se dérouler normalement en 2020 est à ce titre une erreur. Ce serait faire le pari d’une édition fantôme et d’un déni de réalité, la COVID-19 n’est pas une maladie anodine. Dans ce malheur collectif qui touche l’humanité toute entière, la filière équestre doit malheureusement prendre sa part et laisser éteintes les lumières de son barnum. Il y va de sa crédibilité et de sa responsabilité.

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