La FFE sereine sur son réservoir de couples pour les grandes échéances
La vente d’Urvoso du Roch après celle de Berlux Z constitue-t-elle un signe inquiétant pour les performances futures de l’équipe de France notamment dans la perspective des JO ou n’est-ce qu’un épiphénomène qui témoigne de la qualité de l’élevage français et de la qualité de nos cavaliers ? On peut voir effectivement le verre à moitié plein ou, à moitié vide. Du côté de la FFE en tout cas, l’inquiétude n’est pas palpable. Au contraire, Frédéric Morand, vice-président en charge des Jeux Olympiques de Paris souligne l’existence d’un « réservoir de couples grandissant ».
Le départ d’Urvoso du Roch pour un cavalier irlandais a provoqué un pincement au coeur qui n’a pas été réservé à son cavalier et sa propriétaire. Il est toujours dommage de voir un couple performant, pierre angulaire de l’équipe de France, être séparé pour des raisons financières même si évidemment, on ne jette pas la pierre à des propriétaires qui assument tous les risques. Nicolas Delmotte est d’ailleurs revenu sur le sujet dans les colonnes du site Studforlife.com. Le Nordiste explique que l’âge d’Urvoso a beaucoup joué et qu’un cheval qui prend de l’âge se fragilise. Bref que même si Urvoso n’avait pas été vendu, rien ne garantissait qu’il puisse disputer les JO avec. C’est à lire ici.
Gérer, c’est toutefois chercher à réduire les incertitudes. Or la préparation des grandes échéances implique de stabiliser et donc de sécuriser, autant que faire se peut les effectifs. Les marges de manoeuvre sont étroites mais pour Frédéric Morand, si la FFE a un rôle à jouer, celui-ci reste minime : « S’agissant de la vente récente d’Urvoso du Roch, La FFE n’a pas vocation à s’immiscer dans des investissements privés. En l’occurrence, la vente de chevaux de haut niveau est souvent l’opportunité pour les propriétaires, engagés aux côtés des cavaliers, de réinvestir dans de nouveaux chevaux. A trois ans des Jeux, on constate que nos cavaliers entretiennent une collaboration étroite et en confiance avec leurs propriétaires avec pour objectif affiché de s’équiper au mieux pour 2024, à l’instar de Nicolas Delmotte ou de Simon Delestre ».
Le temps est donc à la confiance envers cavaliers et propriétaires et à la sérénité sur les couples potentiellement disponibles. « Nous avons un réservoir de cavaliers et de chevaux qui permet de faire entrer en sélection de nouveaux couples à fort potentiel, tel Gregory Cottard et Bibici qui intègrent la sélection pour la finale Coupe des nations à Barcelone dans quelques jours. Nous comptons aujourd’hui plus de 50 propriétaires de chevaux inscrits sur les listes FFE – JOP 2024 et Chevaux espoirs rien que pour la discipline du saut d’obstacles. Le réservoir de couples est grandissant et cela montre que le projet sportif proposé par la FFE est attractif ».
Difficile d’avoir des informations précises sur ces mécanismes (la fondation Equiaction ?) censés favoriser la conservation des cracks chevaux mais on se rappelle qu’à une époque la FFE avait choisi de sortir les grands moyens, c’est-à-dire le recours à la puissance publique et au chéquier pour sécuriser certains chevaux. Morgat ENE sous la selle du regretté Hubert Bourdy, mais aussi de Flambeau C, cheval fédéral au palmarès exceptionnel sous la selle de Frédéric Cottier ont illustré la pertinence de ces choix. La vision très libérale qui prédomine aujourd’hui à la FFE, à savoir laisser jouer le marché, est d’autant plus risquée qu’après la « disparition » des Haras Nationaux, la parenthèse des grands propriétaires (au sens de l’envergure financière) semble refermée au moment où le mercato pour les JO devrait une nouvelle fois faire s’envoler tous les prix.
Aller plus loin : “Tous nos chevaux sont en train de partir un à un, et c’est dramatique”, François-Xavier Boudant (Grand Prix Info)