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Amélie Quéguiner accusée de diffamation par S. Lecomte et la FFE

Bousculé lors du premier tour des élections fédérales, Serge Lecomte a peut-être sans le vouloir fragilisé encore plus sa situation par une action judiciaire dont il pourrait se mordre électoralement les doigts. A l’origine de ce tohu-bohu une femme courageuse, Amélie Quéguiner, qui a lancé un sacré pavé dans la mare en février 2020 en dévoilant notamment dans un premier temps sur Facebook, puis à travers différents articles de presse (dont l’un retentissant de Médiapart), les abus sexuels sur mineurs et une culture du viol dans le milieu de l’équitation, une dérive dont elle-même a été victime dans sa jeunesse. L’onde de choc avait été ressentie à la fédération française d’équitation qui avait pour le coup bien réagi (cf photo ci-contre) en prenant un certain nombre de mesures. Mais une interview accordée par Amélie Quéguiner à l’Obs le 6 février dernier a suscité l’ire de la FFE et de Serge Lecomte, son président, qui ont porté plainte pour diffamation.

L’agacement du président de la FFE est sans doute lié à  une évocation du cas de Loïc Caudal ex-président du comité départemental d’équitation des Hauts-de-Seine, condamné à deux reprises par la justice, renvoyé du centre équestre de Suresnes (dirigé par Serge Lecomte), puis employé à la Fédération française d’équitation de 2014 à 2019 présidée par ce même Serge Lecomte. « Errare humanum est, perseverare diabolicum » nous prévient la locution latine (L’erreur est humaine, persévérer est diabolique). Et pourtant, il semblerait que la plainte de la FFE relève d’une décision collégiale du comité directeur sortant de la FFE, rangé comme un seul homme derrière son grand chef à plumes…

Question plumes, l’article de l’Obs à l’origine de la plainte n’a pourtant pas été écrit par un perdreau de l’année mais par une journaliste expérimentée, Emmanuelle Anizon, également auteur d’un livre co-écrit avec Sarah Abitbol (Un si long silence) sur le viol de la championne de patinage par son entraîneur. Difficile à croire que la chef du service société au Nouvel Obs n’ait pas pris les précautions rédactionnelles qui s’imposent pour éviter des désagréments judiciaires à celle à qui elle consacre un article. 

A la lecture de celui-ci (accès payant à 1€) le passage sur Serge Lecomte et la FFE apparaît comme bref et modéré. Il n’est pas le cœur de l’article qui porte plus globalement sur les violences sexuelles, la loi d’airain du silence et toutes les vies brisées qui en sont la conséquence. Un article somme toute sur un sujet de société qui nous concernent tous.

Il appartiendra à la justice de dire si diffamation il y a. Amélie Quéguiner est invitée à se présenter devant le tribunal de Périgueux le 28 avril prochain. La justice, ça fait toujours peur. En raison de décisions parfois difficiles à comprendre mais aussi en raison des frais qui vont avec, et qui en l’espèce pourraient-être conséquents. Suffisamment pour être dissuasifs à l’avenir pour ceux qui seraient imprudemment bavards.

Alors qu’Amélie Quéguiner voulait libérer la parole, Serge Lecomte et la FFE par leur action donnent ainsi, à tort ou à raison, le sentiment de vouloir la refermer. Il est vrai que dans la Grèce antique déjà, on tuait les messagers porteurs de mauvaises nouvelles. Et pourtant le monde change. La tonalité de l’article consacré à ce nouveau rebondissement par L’Éperon, magazine équestre de référence,  témoigne qu’une révolution des mœurs est en marche et que rien ne pourra l’arrêter.

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