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Peur justifiée autour de l’épizootie de rhinopneumonie

La France équestre a peur. La virulente épidémie de Myeloencéphalite-EHV1 (rhinopneumonie de forme nerveuse) en cours, partie de Valence en Espagne suscite l’effroi jusqu’aux professionnels les plus aguerris. Et ce ne sont pas les témoignages de Guilaume Batillat sur le site GrandPrix Info ou la vidéo postée sur son compte Facebook par Philippe Rozier qui évoque le cas de Rahoptep de Toscane qui vont nous rassurer. Après un temps de circonspection qui n’est pas sans rappeler celui qui avait entouré les débuts de la Covid-19, la prise de conscience du risque semble aujourd’hui partagée. Bien des questions restent en suspens tant sur la contagiosité que la létalité de cette souche de rhino qui ne ressemble pas à celle qui se déclare annuellement de façon épisodique sur le territoire hexagonal.

La préoccupation du moment est donc de circonscrire coûte que coûte les éventuels foyers dans l’hexagone. Et de ce côté la FFE et la SHF semblent avoir pris les choses en mains de façon efficace. En suspendant les concours et rassemblements au moins jusqu’au 28 mars d’une part, en accompagnant au plus près les athlètes tricolores présents au concours de Valence d’autre part. La FEI, il faut le souligner, s’est très rapidement alignée sur la position française en décrétant à son tour l’annulation de tous les événements FEI sur le sol européen (sauf Espagne et Italie) jusqu’au 28 mars également. Du côté de Lausanne, pas de langue de bois. On parle de « situation est grave mais sous contrôle ».

Généralement, Les chevaux infectés par la rhinopneumonie  développent de la fièvre et des problèmes respiratoires mais dans les cas graves observés à Valence, la maladie frappe le système nerveux et entraîne, entre autres, des perturbations de la coordination des mouvements et des paralysies qui sont à l’origine des images particulièrement choquantes qui circulent sur les réseaux sociaux.

Les informations relayées à ce titre par Philippe Rozier sont troublantes que ce soit, sur la fiabilité des tests (période d’incubation de 6 à 10 jours) ou encore, sur le mode de transmission par l’homme. Autant d’éléments clés qui doivent être rapidement confirmés. 

La FFE semble bien tenir la barre. Dans un communiqué diffusé ce mercredi en fin d’après-midi, elle se veut rassurante sinon sur l’épidémie, au moins sur son implication. A la manœuvre on retrouve Frédéric Bouix, Délégué général et Sophie Dubourg, DTN. Au-delà du cas, bien géré par la FFE, des chevaux français présents à Valence en Espagne, Frédéric Bouix indique que « la fédération est pleinement mobilisée depuis les tous premiers signalements fin février, aux côtés du RESPE et des instances vétérinaires, pour mettre en place les tests et les soins nécessaires, ainsi qu’un protocole sanitaire strict pour juguler cette épidémie dans les plus brefs délais ». 

Si l’équipe fédérale se déclare très inquiète sur la situation des chevaux et cavaliers français encore bloqués à Valence, allant jusqu’à demander par la voix de Sophie Dubourg leur rapatriement sanitaire, la situation dans l’hexagone n’est pas abordée. Or légitimement, l’inquiétude a fait tache d’huile chez les professionnels et les propriétaires de chevaux en général.  

A défaut du ministère de l’Agriculture aux abonnés absents, c’est par le Réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine (RESPE) que des informations sur l’épizootie en France sont tombées toujours par voie de communiqué ce mercredi après-midi. Des nouvelles à la fois rassurantes et inquiétantes. 

« Plusieurs foyers ont été confirmés dans des écuries de chevaux rentrant de Valence, dans les départements du Calvados, Haute Savoie, Hérault et Seine et Marne, d’autres sont en cours d’investigation dans d’autres départements. Les équidés présentent majoritairement des symptômes respiratoires, ou uniquement de l’hyperthermie. Quelques animaux ont développé des signes neurologiques, mais aucun mort n’a été signalé pour l’heure sur le territoire » peut-on ainsi lire. Ça, c’était pour le chaud.

Pour le froid, le RESPE mentionne dans son communiqué que si exception faite des chevaux en lien épidémiologique avec le foyer de Valence, le nombre de cas d’herpèsvirose de type 1 reste, pour l’instant, dans les valeurs habituellement observées à cette époque de l’année, de nombreux équidés sont encore présents à Valence et sur d’autres sites en Espagne, et vont en revenir. Ce sont donc les conditions de retour de ces chevaux qui s’avère délicates mais aussi, le transit des chevaux étrangers lorsqu’ils vont faire une halte en France.

Le RESPE confirme la nécessité de suspendre les compétitions sportives et d’élevage en France et souligne « l’extrême vigilance » à avoir sur les warm-up, très nombreuses depuis le confinement. Le RESPE confirme également les propos de Philippe Rozier sur les tests de dépistage « qui doivent avoir fait l’objet d’une validation rigoureuse » avec une difficulté supplémentaire liée au fait que « pour les chevaux vaccinés, la quantité de virus retrouvés au « bout du nez » est moindre, en particulier en début et en fin de symptômes. Ce constat est d’autant plus vrai pour la forme neurologique pour laquelle les charges virales détectées sont fréquemment très faibles ».

Avec une certaine solennité, le RESPE en appelle à la mobilisation et la responsabilisation de l’ensemble des acteurs de la filière. Que ce soit, à travers le respect des mesures sanitaires de prévention mais aussi, via la nécessité impérieuse de déclarer toutes les suspicions. C’est à ce prix que la situation restera sous contrôle en France.

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