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La FFE dans le rôle du mauvais exemple mais plus pour très longtemps

Avec l’âge on a tendance à rabâcher. Mais avec la FFE, c’est assez naturel car si le temps passe, il glisse sur elle comme l’eau sur les plumes d’un canard. Mêmes causes, mêmes effets. Mêmes hommes, mêmes méfaits. Dans un article publié dans Le Monde du 16 décembre Roxana Maracineanu a indiqué vouloir un « renouveau démocratique et éthique » dans les fédérations sportives et pris en illustration du mauvais exemple … la FFE.  

Il est reproché en l’espèce aux dirigeants de Lamotte-Beuvron d’avoir fini leur mandat réglementaire de 4 ans sans avoir fixé de nouvelle date d’élection. Un oubli fâcheux qui donne le sentiment d’appropriation de la fédération par un clan peu désireux de rendre les clés si jamais des élections devaient désigner une autre équipe. 

Au sommet de l’État on a bien cerné en tout cas les faiblesses des fédérations sportives et leur inadaptation aux exigences modernes. Démocratie déficiente, gestion opaque, conflits d’intérêts, ces structures au statut d’associations type loi 1901 présentent de grandes faiblesses alors qu’elles brassent des sommes d’argent toujours plus importantes. 

Ce constat est désormais partagé aussi bien à l’Elysée qu’au parlement. Emmanuel Macron lors de sa campagne de 2017 s’était d’ailleurs engagé à une élection systématique des présidents par les clubs afin d’en finir avec les systèmes de grands électeurs. La difficulté à voir émerger de nouveaux candidats n’a également pas échapper aux observateurs de tout poil qui s’inquiètent légitimement de voir des présidents rester en place des décennies, être quasiment inamovibles. Là encore, la FFE fait figure de mauvais exemple. 

Les parlementaires sont conscients que le sport français ne peut demeurer dans un jus à mille lieux de ce qu’attendent licenciés et citoyens. A savoir transparence, parité, encadrement des conflits d’intérêts, lutte contre les violences sexuelles et renforcement de la démocratie interne. On ne manquera pas de lire à cet égard le passionnant rapport « Mutualiser, renouveler et légitimer pour affûter l’esprit d’équipe des fédérations sportives » rédigé en 2020 par une mission d’information sénatoriale. Ce document esquisse le grand mouvement de refonte de l’organisation du sport en France qui doit être réalisé dans la perspective des JO de Paris en 2024.

La tonalité détestable de la campagne qui s’est tenue à la Fédération Française de Rugby et la réélection du sulfureux Bernard Laporte à sa présidence en octobre de cette année ont démontré l’incapacité de ces structures à s’autoréguler par le biais des élections une fois que le vers est à l’intérieur du fruit.

Il appartient donc à l’État qui délègue aux fédérations des missions de service public avec en contrepartie des prérogatives conséquentes, de veiller au grain et remettre de l’ordre dans le paysage institutionnel sportif. Cela passe par une réforme en profondeur et la mise en place de mécanismes apportant des garanties au plan éthique et démocratique.

Cette révolution copernicienne qui se profile devra faire enfin entrer le sport français dans le XXIème siècle et son cortège de transparence en lien avec des réseaux sociaux qui bousculent l’information quand ils ne la déforment pas. Elle ne sera toutefois une réussite que si chaque licencié trouve dans la relation avec sa fédération plus qu’un lien commercial, une adhésion à une vision sportive commune, la volonté d’appartenir à une communauté qu’il aura librement choisi.

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