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Cavaliers- FEI, retour sur un inquiétant désamour

4530.jpgLes championnats d’Europe qui se sont déroulés à Rotterdam fin août auraient du être l’occasion de célébrer une osmose entre l’élite sportive de l’équitation et les instances fédérales internationales censées les représenter. Au lieu de cela, le nom de la ville néerlandaise restera associé à un moment de forte crispation entre athlètes et dirigeants de la FEI lors de l’assemblée générale de l’IJRC, le club international des cavaliers de saut d’obstacles, qui s’est tenue le 22 août dernier. Simple scène de ménage ou premier pas vers une rupture consommée, l’avenir nous le dira.

Transparence. Notre époque est à la transparence, largement aidée par les moyens techniques modernes. L’IJRC l’a compris tout comme la nécessité de gagner la bataille de l’opinion. Loin de laver le linge sale en famille, les choses ont été dites devant la presse. Pour la France, Grand Prix a largement repris le contenu des échanges dans un excellent article à lire, ici.

Les reproches se ramassent à la pelle. Format des Jeux olympiques, Coupes des nations, lutte anti-dopage… les cavaliers ont longuement exprimé leurs inquiétudes sur le fond de ces différents sujets mais surtout, leur mécontentement sur la forme. Car si à la FEI, on entend les athlètes, il semblerait qu’on ne les écoute pas.

Le ton et les propos particulièrement fermes employés par Cian O’Connor, désigné par ses pairs pour les représenter au sein des instances de la FEI, témoigne d’une prise de conscience abrupte des rapports de force et du peu de considération de la structure à l’égard des athlètes.

L’irlandais au caractère marqué dont les propos tranchés sont à retrouver dans l’article de Grand Prix n’avait pas l’intention, en prenant ses fonctions, de faire de la figuration et de servir de faire-valoir mais, de défendre une approche sportive plébiscitée par ses homologues à l’inverse de la vision financière retenue par la FEI.

Le clash était prévisible. Il a eu lieu mais, plus vite que prévu. Cian O’Connor a littéralement jeté à la face d’Ingmar de Vos tout ce qu’il avait sur le coeur sans que cela ne déstabilise une seule seconde le président de la FEI, pur produit d’une instance administrative qui concentre désormais tous les pouvoirs. Le panache d’un Cian O’Connor ne mâchant pas ses mots cachait en fait un chant du cygne. Élu en novembre 2018, l’irlandais a rendu sont tablier quelques jours après sa sortie remarquée soit, seulement 9 mois à la FEI.

La vérité toute crue, c’est que les cavaliers sont désormais la cinquième roue de la charrette, dépossédés de leur univers par les hommes en costume sombre qui font les règlements, les budgets et signent les contrats. Comme si les sports équestres étaient un sujet trop sérieux pour être laissés aux cavaliers. Ce qui lorsqu’on n’a pour objectif que de faire du business n’est pas totalement faux. Le fantasme de certains était bien connu : faire évoluer le jumping vers le modèle de la F1 soit un système fermé, verrouillé, médiatisé qui brasse beaucoup d’argent. Un peu moins glamour, les courses incarnent une autre approche possible, avec une vraie rentabilité mais, où les jockeys ne pèsent rien ni sur les balances ni sur l’organisation.

Des athlètes à la croisée des chemins. Sur quoi débouchera le coup de sang de Cian O’Connor et les frustrations maintes fois exprimées de personnalités telles que Steve Guerdat et Kevin Staut ? Un rééquilibrage des pouvoirs est-il possible au sein de la FEI ?? Les cavaliers vont-ils relever le gant jeté par leur ex-représentant ou revenir dans leurs bulles personnelles ???

L’histoire du sport nous apprend que des évolutions sensibles sont possibles. A l’image de la première grève des joueurs de NBA en 1964 qui ne dura au final que … deux heures. Le vrai pouvoir, c’est ceux qui font le spectacle qui en disposent. Encore faut-il qu’ils en aient conscience.

Le sympathique club des cavaliers doit sans doute s’interroger sur son évolution et réfléchir au passage d’une assemblée de gentlemen à un syndicat professionnel, bordé juridiquement. Ce serait une vraie révolution culturelle dans un milieu habitué aux échanges feutrés.

Le monde a changé, la FEI a changé. Les cavaliers professionnels de haut-niveau seront-ils capables d’en faire autant ?

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