Félicie Bertrand, l’atout cœur de Geneviève Mégret

Toujours avoir un plan B. C’est vrai pour les cavaliers et les propriétaires, notamment à haut niveau, où les enjeux financiers sont importants et les tensions vite arrivées. Sport où la passion domine, le jumping, même exercé par des professionnels, n’est pas exempt de comportements irrationnels source de multiples rebondissements. En février dernier l’annonce de la fin d’une collaboration de 7 ans entre Pénélope Leprevost et le Haras de Clarbec résonnait comme un coup de tonnerre dans le ciel hexagonal. Les conséquences pour les deux protagonistes ne sont pas les mêmes. Pénélope Leprevost peine depuis à renouer avec le plus haut niveau alors que la famille Mégret semble avoir trouvé en Félicie Bertrand une remplaçante discrète. Un plan B comme Bertrand.
Avoir des relations apaisées marquées par la confiance et la rationalité entre cavalier et propriétaire, c’est compliqué même à haut niveau. D’autant plus si les propriétaires ne se conduisent pas en simple investisseur mais en véritable gestionnaire de la carrière sportive de leur crack. Alors si en plus les protagonistes ont respectivement du tempérament, ça devient vite compliqué.
Avec Félicie Bertrand, les choses semblent simples en raison d’une personnalité que l’on perçoit, peut-être à tort, comme effacée. Cette normande de 36 ans a crevé l’écran cette année grâce à Sultane des Ibis qui lui a offert fin juin une médaille d’or en individuel et une en argent par équipe lors des Jeux Méditerranéens de Tarragone. Voilà de quoi être reconnaissant à l’égard de la famille Mégret, propriétaire de la jument. Une famille qu’elle connaît bien pour avoir entamé avec elle des relations il y a déjà 10 ans comme cavalière jeunes chevaux. Elle fait le job pendant quatre ans et demi puis, logiquement, s’émancipe en s’installant à son compte. Mais les ponts ne sont pas rompus. Quatre petits kilomètres seulement séparent les deux structures. Félicie Bertrand se voit confier régulièrement des chevaux. Puis arrive Sultane des Ibis. L’osmose est quasi immédiate. Les bons résultats aussi. Les médailles aux JEM marquent un tournant. Elles ouvrent surtout les portes vers les 5* qui restent l’objectif premier même si Félicie Bertrand confie que jusqu’à il y a peu, elle n’avait jamais eu de grandes ambitions de haut niveau. Oui mais voilà, l’appétit vient en mangeant et l’ambiance du haut niveau a un goût de drogue douce d’autant que d’autres chevaux estampillés Mégret, comme Creta LS*La Silla, Vahiné de Favi et Chacco Rouge, lui constituent un piquet performant.
Même si la marche pour le 5* est élevée, l’arrivée de Flora de Mariposa sous sa selle constitue un sacré atout. Car au-delà d’avoir été la jument de tête de Pénélope Leprevost, la fille de For Pleasure, considérée comme l’une des meilleures au monde, est aujourd’hui à 13 ans une jument expérimentée.
A l’issue d’une longue convalescence Flora signe fin septembre son grand retour à la compétition, à l’occasion du CSI * de Canteleu. Or monter une telle jument, c’est un peu avoir le saint Graal entre les mains. C’est surtout le signe d’une relation de très grande confiance avec la famille Mégret. Or celle entamée avec Félicie Bertrand s’inscrit dans la continuité et la progressivité. C’est d’autant plus à noter que parallèlement le lien avec Nicolas Delmotte qui s’était vu confier des cracks du Haras de Clarbec (Urano de Cartigny, Vagabond de la Pomme, Corrado du Moulin…) s’est distendu. Il est mis fin à la collaboration début octobre en raison d’un éloignement jugé finalement trop important (3 heures de route).