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La confidentialité des sports équestres conduit à l’arrêt d’Equidia Life

PB
Pascal Boutreau restera comme l’un des visages d’Equidia Life

Ce n’est pas la mort du petit cheval mais ça y ressemble un peu. Equidia life is dead. L’écran noir est annoncé pour le 31 décembre. La chaine exclusivement consacrée au cheval, un ovni dans l’univers de la télévision mondiale, aura vécu. La première pensée va bien entendu vers les salariés qui resteront sur le carreau dans un secteur où l’emploi est rare. La deuxième, passée la déception, doit être de rechercher les causes de cet échec qui est avant tout économique.

Force est de constater qu’en 6 saisons d’existence la chaîne n’a pas réussi à trouver la martingale susceptible d’assurer sa viabilité. Témoin privilégié de l’aventure, Pascal Boutreau, rédacteur en chef adjoint, livre une analyse lucide de la situation. C’est à lire ici.

Pas la peine de rechercher un bouc émissaire, l’échec d’Equidia Life est un échec collectif qui doit interpeller toute la filière équine. Comment se fait-il qu’un secteur économique de l’importance de celui du cheval dans l’hexagone, dont les résultats sportifs au niveau mondial sont excellents, n’arrive pas à trouver son public ? La vérité à ce titre est aride. Si Equidia life met la clef sous la porte c’est parce qu’elle n’a pas réussi à dépasser une audience restée confidentielle et qu’en conséquence, les recettes publicitaires n’ont jamais décollé. Dans ce contexte on peut saluer la patience des courses qui ont financé durant des années une chaîne comme on entretient une maîtresse… à perte.

Le malheur français est peut être d’avoir raison trop tôt. Un peu comme avec le Concorde, illustration du génie technologique Français, mais échec commercial retentissant. Il est difficile de croire en effet que le jumping de haut niveau, qui a goûté à l’explosion de la notoriété de ses meilleurs cavaliers et chevaux, puisse s’affranchir de la petite lucarne même si la diffusion en live sur le net est un sérieux concurrent.

Question business, le modèle le plus abouti est incontestablement le concept Tops qui vise à se rapprocher du modèle de la Formule 1 avec un nombre d’acteurs limité et de très gros annonceurs, quitte à donner de sérieux coups de canifs à l’éthique sportive notamment sur la question de l’accessibilité à des CSI devenus des 6* en raison de leurs dotations et de la sélection financière pour y accéder. Or, à cet égard on a sans doute insuffisamment analysé l’entrée en 2014 dans le capital (à 50%) du LGCT de Franck Mc Court, l’homme d’affaires américain. Le propriétaire de l’Olympique de Marseille n’est pas du genre à entretenir des danseuses. Le financier en se rapprochant de Jan Tops espère avoir réalisé un investissement rentable qui repose sur le postulat que les droits tv de diffusion du jumping dans les pays émergents (notamment l’Asie) et aux USA seront demain, grâce aux recettes des annonceurs, une poule aux oeufs d’or.

De son côté, la FEI joue petits bras avec une offre payante, FEI TV, uniquement anglophone et ultra-confidentielle. Si une solution évidente et simple existait, nul doute que les dirigeants d’Equidia l’auraient tenté. La difficulté actuelle, c’est la période intermédiaire dans laquelle nous nous trouvons. Entre un vieux monde qui rechigne à mourrir et un nouveau qui peine à émerger. A cet égard, il faut saluer l’effort très conséquent de restructuration du secteur des courses qui intervient suffisamment en amont avant d’être dans une situation délicate. C’est peut être de lui que demain émergera une nouvelle offre pour les sports équestres, adaptée à son époque et aux contraintes économiques.

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