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Nick Skelton, enfin couronné

Nick Skelton GBR Jumping Individual Gold medalists Rio
Toute l’émotion de Nick Skelton. Champion olympique, enfin ! Photo Richard Juiliart-FEI

« Les champions olympiques sont des gens qui ont du vécu » prévenait il y a deux jours Philippe Guerdat dans un entretien accordé à Grand Prix Replay. Le sélectionneur de l’équipe de France ne pensait sans doute pas toucher si juste. A 58 ans, Nick Skelton, légende vivante outre-Manche, entre définitivement dans l’histoire en devenant champion olympique. L’homme de Rio, c’est lui. Ce cabossé de la vie forme avec Big Star, également sujet à blessures, un couple mythique de la tempe des Pierre Durand-Jappeloup ou plus récemment Eric Lamaze- Hickstead. Les dieux de l’Olympe ont fait un très bon choix. Grâce leur en soit rendue.

Nick Skelton est un cavalier, à l’ancienne. Old school diront certains, avec ce petit côté suranné qui colle parfois aux britanniques. Il n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche et a fait plus qu’user ses fonds de culotte à cheval. Le métier est dur. Il y a laissé une partie de sa santé. La vie commence à 60 ans dit la chanson. Pas pour Nick , 58 ans, qui a commencé à travailler à 14 ans et dont le corps usé porte les stigmates d’une vie à la dure comme les connaissent les professionnels du milieu du cheval. Dire dans ces conditions que l’homme a de la bouteille est une galéjade. Il a surtout quarante ans de carrière derrière lui avec un premier podium international glané en …1982.

Son dossier médical est éloquent. A commencer par cet accident dramatique en septembre 2000. Lors d’un concours à Liverpool, il chute et se casse la nuque. Immobilisation, succession d’opérations chirurgicales, on pense  le natif de Bedworth perdu pour la compétition. On espère juste qu’en raison de son expérience il se reconvertira dans le coaching et pourquoi pas l’encadrement de l’équipe nationale. C’est mal connaître le bonhomme. Le cheval, il ne sait faire que ça. Malgré une raideur persistante et la menace de finir sur une chaise roulante en cas de nouvelle chute, une année et demi plus tard, il est de retour sur les terrains. La mécanique est usée, peu importe il change quelques pièces. A commencer par une hanche puis se fait réparer l’épaule. Survient alors un mal de dos terrible, pernicieux et usant. D’autres auraient raccroché, lui serre les dents et réussi à passer l’épreuve. « Maintenant ça va » confiait-il au micro d’Equestrian le Mag lors d’un reportage tournée en mai de cette année à l’occasion du concours de La Baule.

Big Star et Nick Skelton lors de leur grand retour dans la Coupe de Nations de La Baule en 2016.
Big Star et Nick Skelton lors de leur grand retour dans la Coupe de Nations de La Baule en 2016. « Il est le meilleur cheval que j’ai jamais eu et le meilleur que j’ai aimé avoir » a déclaré Nick Skelton à propos de Big Star à l’issue de sa victoire à Rio.

Skelton et Big Star, ça fait toujours un beau sujet surtout qu’après deux années passées à l’infirmerie – chacun son tour -, l’étalon signe son grand retour. Nick l’a bichonné son petit cheval. Il a tout fait pour le remettre sur pied et surtout il l’a attendu au prix d’un effacement de la scène internationale que peu auraient supportés après avoir remporté la médaille d’or par équipe aux JO de Londres de 2012 et terminé 5ème en individuel. Mais le couple est fusionnel et se soutient à sa façon, mutuellement.

Réservé le britannique a les yeux qui s’éclairent lorsqu’il parle de son cheval. « J’ai une chance incroyable. Big Star a tout le spectre : la prudence, la bravoure, la tête aussi » déclarait-il en 2012.  A La Baule, en 2016, son flegme laissait transparaître une incroyable serennité « lorsque vous montez Big Star, vous n’avez pas trop d’inquiétude à avoir. Nous sommes en harmonie ».

Un tel couple aurait dû être sous le feu des médias à Deodoro. Malin comme un renard qui fuit la  meute d’une chasse à courre, le bonhomme s’est fait discret pour attendre son heure. Rafistolé mais solide – tout ce qui ne tue pas rend plus fort – il a survécu à la bérézina par équipe des sujets de sa gracieuse majesté pour jouer à la perfection sa petite musique en individuel. Une mélodie sur les notes de God save the Queen en version accélérée. Nick Skelton est en effet devenu en ce 19 août champion olympique après avoir devancé au barrage le Suédois Peder Fredricson (médaille d’argent) et le Canadien Eric Lamaze, champion olympique 2008, contraint de se satisfaire cette fois-ci d’une médaille de bronze. Une belle histoire. La reine n’y sera peut être pas insensible. Lord Skelton ça sonnerait plutôt bien non ?

 Photo Arnd Bronkhorst
Nick Skelton, 7 olympiades désormais au compteur, n’est pas du genre émotif. Il n’a pu néanmoins retenir ses larmes au moment où il s’est vu passer la médaille d’or autour du cou. Photo Arnd Bronkhorst/FEI

 

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