Polémique

JO de Paris : Lamotte-Beuvron veut encore croire en ses chances

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Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Bousculée par la crise mondiale du COVID-19 la machine olympique pourtant si parfaitement huilée est aujourd’hui à la peine. Si les Jeux de Tokyo se dérouleront finalement avec une année de retard dans des conditions incertaines, les Jeux de Paris, qui devraient redonner à cette fête mondiale tout son lustre, auront bien lieu, à la date prévue en 2024. Reste la question des infrastructures pour lesquelles des économies, éternel serpent de mer, sont à trouver. Une occasion en or pour les dirigeants de la FFE de relancer l’idée d’accueillir les épreuves équestres sur le site fédéral de Lamotte-Beuvron et de capter au passage une confortable manne financière pour faire monter en gamme des installations loin du standard olympique.   

Il y a assurément chez le président de la Fédération Française d’Équitation et ses amis, un côté maquignon. De l’obstination, de l’agilité à présenter et ficeler les choses et surtout, indéniablement, un flair de chien de chasse pour déceler et saisir les opportunités.

C’est pas Versailles ici.  On connaît la publicité en faveur des économies d’énergie. Elle est d’une certaine façon reprise en chœur par le président de la région Centre François Bonneau, le maire de Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher) Pascal Bioulac, et son ami Serge Lecomte (FFE).  Le sujet a bien été tranché mais, l’occasion faisant le larron, nos édiles de Sologne ont une âme de braconnier et aimeraient bien ramener dans leur besace un beau gibier. Certains rêvent de mettre Paris en bouteille, d’autres en Sologne. Le temps est au populisme alors, autant aller dans le sens du vent pour dénoncer la gabegie des JO et les dorures de Versailles. « La terre ne ment pas » affirmait déjà un certain général Pétain. Avec la COVID-19, la ruralité a relevé le nez et n’hésite pas à pointer ces urbains venus se mettre au vert, leur goût du luxe ostentatoire et du bling bling.

Pour 10 ou 15 petits millions d’euros (les chiffres varient) les défenseurs de Lamotte 2024 nous promettent le grand soir ou plutôt des infrastructures dignes du gratin des sports équestres. Une mutation, transition serait le mot plus à la mode, vers le haut niveau soit l’exact contraire du « modèle Lamotte » plus proche dans sa conception du Mondial la Marseillaise (pétanque) que d’un CSI 5*.

Des économies auront bien lieu, que le contribuable se rassure. Le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO) présidé par Tony Estanguet sait qu’il est attendu sur la maîtrise des coûts et la durabilité des installations, développement durable oblige. La bataille des chiffres a commencé.

Pascal Bioulac mué pour la circonstance en VRP de Lamotte-FFE avance que l’organisation au cœur de la France coûterait deux fois moins cher qu’à Versailles. Personne n’a vérifié de telles affirmations qui in fine ne sont pas comparables. Un restaurant de terroir n’est pas un 3*. Le cadre, la localisation, la capacité d’hébergement, la proximité de Paris destination touristique des plus prisées au monde… Autant comparer des serviettes et des torchons.

Cela n’empêche pas Pascal Bioulac, très impliqué dans le milieu professionnel équestre, de tenir des propos à la limite du sulfureux comme ceux que l’on peut lire dans l’Équipe (édition du 6 août) où il explique que, « le choix de Versailles va à l’encontre de tout le travail de modification de l’image de l’équitation en donnant à penser que le cadre qui convient est celui des châteaux ».

Au final, la décision sera très politique. Mais, force est de constater une incompréhension totale sur le haut niveau, son rôle, et son écrin. Ce rejet du meilleur pour le meilleur est une ligne de fracture qui dépasse (hélas) largement le sport. La tentation du nivellement par le bas, de l’avènement d’une médiocratie va à l’encontre du système méritocratique qui a fondé notre République mais aussi le sport de compétition qui repose sur la notion d’excellence. Bienvenu dans le XXIème siècle.

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