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Abus sexuels : en équitation aussi il faut balayer les écuries d’Augias

imagesAprès le cinéma et le mouvement #Metoo, le sport est entré dans une phase d’introspection. La parole se libère et de biens sordides histoires remontent à la surface. Toujours les mêmes, des violences sexuelles, des abus de personnes en situation d’autorité ou en position de confiance et des vies brisées.  Pour les personnes concernées, l’enjeu désormais est souvent de passer du statut de victime honteuse à celui d’exemple pour aider les autres. En équitation, le témoignage livré par Amélie Quéguiner, propriétaire d’un centre équestre en Dordogne, a travers une lettre ouverte à Serge Lecomte est poignant. Aucune haine ou volonté de régler ses comptes mais simplement de créer un électrochoc pour une prise de conscience collective. La FFE par la voie de son Président a réagi vite et bien. Le milieu équestre moins, gêné, confus. Cet empressement à vouloir tourner la page, cette force des silences est une erreur. Le temps de l’examen de conscience est venu et celui des changements de comportement avec lui.

Il y a bien quelque chose de pourri dans le milieu du cheval. Ce sont de bien mauvaises traditions et une loi du silence érigée en loi d’airain. Un drôle de milieu, pendant longtemps zone de non droit soumis à l’emprise du coach ou de l’employeur. Sous couvert du prix de la passion trop de choses ont été admises. Culturellement admises, sur fond de hiérarchie sociale. Des grooms sur lesquels on a le droit de cuissage, ces palefrenières précaires ou ces élèves sur lesquelles on met une pression pour aboutir à ses fins. Aujourd’hui, à l’initiative de personnes courageuses, les langues se délient, les choses bougent dans le sport. Beaucoup moins dans les écuries où le silence reste la mise. Parfois même c’est l’agacement qui prédomine même chez des femmes en responsabilité. On ne va pas dégrader l’image de notre sport (de notre business) avec « ça » nous fait-on comprendre.

Tout faux.

Notre société évolue, en bien et en mal et, certaines pratiques ne sont plus admises. C’est vrai pour le bien-être animal. Ce doit l’être aussi pour la moitié de l’humanité. Ces femmes, jeunes ou moins jeunes, pratiquantes majoritaires de l’équitation, doivent trouver dans nos structures des lieux sûrs. Cette sécurité pourtant ne peut être acquise que si chacun d’entre nous met un terme à ces petites lâchetés, à ces regards qu’on détourne, à ces « on le savait bien » qui peuvent conduire au pire. Il nous appartient d’être vigilants les uns par rapport aux autres, de prendre soin des autres et de mettre un coup de balai dans les écuries d’Augias.

En commençant par rappeler que dans tous les cas, une relation sexuelle requiert un consentement libre et éclairé de la femme. Concernant les mineurs les choses sont plus simples. Lorsqu’une personne se trouve en situation d’autorité ou de confiance face à un adolescent mineur, le consentement de cet adolescent à toute activité sexuelle n’est jamais reconnu par la loi, que l’adolescent y ait consenti ou non.

Si on peut se féliciter qu’Olivier Guillon, représentant de la FFE au sein de la commission des athlètes de haut niveau ait signé avec 53 autres sportifs une tribune libre « Il est temps de donner de la voix », on est frappé par le manque d’engagement apparent de figures féminines de l’équitation. A commencer par celles qui occupent des postes en vue : DTN, cavalières de haut niveau, propriétaires, journalistes, chefs d’entreprise …

Ce silence assourdissant n’est pas à la hauteur des enjeux.  Pourtant, il ne s’agit pas de s’inscrire dans une mode, une curée médiatique mais, de savoir saisir le train qui passe pour mettre un terme à des dérives inacceptables. Il n’est pas question d’ouvrir une chasse aux sorcières ou de livrer des noms en pâture en faisant abstraction de la présomption d’innocence. Il convient plus simplement et profondément de s’engager personnellement, avec soi-même finalement, de ne plus tolérer ou cautionner par son silence des actes inadmissibles.

La FFE a vite réagi en lançant une campagne de sensibilisation et en mettant en place une cellule d’écoute

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