Euro : Martin Fuchs étanche sa soif de l’or

Plus vraiment un gamin malgré son visage juvénile, pas encore un vieux renard endurci à voir son émotion sur le podium, Martin Fuchs à seulement 27 ans est devenu le nouveau champion d’Europe des cavaliers de saut d’obstacles.
Les spectateurs ont eu du nez. Peu présents pour les épreuves par équipe dont l’essentiel du suspense était lié à la complexe artithmétique des qualifications pour Tokyo, ils étaient en revanche en masse pour la dernière journée et le sacre du nouveau champion d’Europe. Une épreuve palpitante qui s’est conclue par un podium (cf photo) dominé par la jeunesse et le talent.
Au centre, Martin Fuchs a pu enfin savourer le goût si particulier d’un titre continental. Une apothéose pour ce jeune Suisse aux mains en or qui forme avec Clooney 51 le miraculé un couple redoutable. A sa droite, Ben Maher (37 ans), le revenant. En équitation, c’est un peu comme en politique, on n’est jamais mort. L’ex numéro 1 mondial après une longue période d’effacement revient sur le devant de la scène internationale grâce à un cheval exceptionnel, le bien nommé Explosion W. A la gauche du nouveau champion d’Europe, la Belgique, décidément incontournable à Rotterdam, est à l’honneur avec l’un de ses fils que l’on n’attendait pas vraiment. Jos Verlooy (23 ans) et sa monte un peu brouillonne associé à Igor, un cheval peu expérimenté ont fait des étincelles.
Martin qui rit, Steve qui pleure. Heureux camp Suisse, terre de champions et de contrastes. Du côté des mauvaises nouvelles on retiendra surtout la mauvaise prestation de Lord Pepsi qui a conduit Paul Estermann à jeter l’éponge dans l’épreuve par équipe mais aussi la guigne qui a accompagné Steve Guerdat. Privé de toute chance de médaille, le numéro 1 mondial pénalisé de 8 points en première manche, a préféré renoncer à repartir afin de préserver sa délicate Bianca.
Le temps des remerciements. Martin Fuchs n ‘a pas manqué de saluer son mécène, Luigi Baleri qui s’était vu décerner quelques jours plus tôt (le 23 août), comme un signe prémonitoire, le titre de « propriétaire de l’année 2018 » par le Jumping Owners Club, l’association internationale des propriétaires de chevaux de saut d’obstacles (JOC) présidée par le français Dominique Mégret. « C’est toujours un grand soutien et c’est comme un deuxième père » a déclaré le jeune Zurichois à propos de Luigi Baleri, également propriétaire de Chaplin, qui le soutien fidèlement depuis l’âge de ses 13 ans.

Pas de propriétaire, pas de chevaux. Luigi Baleri à l’occasion de sa remise de récompense par le JOC était revenu sur les circonstances de l’acquisition de Clooney en 20017 quand celui-ci allait être vendu aux Etats-Unis. Cet homme d’affaires discret (propriétaire de garage automobile), cavalier lui-même, avait fait le nécessaire pour que son protégé conserve son meilleur cheval. Un investissement permis par la force et la solidité des relations qu’il entretient avec la famille Fuchs. Une décision source de bonheur à l’écouter :« Dès que je suis devenu propriétaire de Clooney, le sentiment était tout simplement merveilleux (..) Tous mes chevaux sont spéciaux et formidables! Mais oui évidemment Clooney est celui qui réussit le plus à ce jour en saut d’obstacles. Il a un mental très fort. C’est une grande chance pour nous, sans quoi il n’aurait pas performé aussi bien et avec certitude, il ne se serait pas remis aussi vite de sa maladie. Son rétablissement était vraiment spécial à observer. Avec la médaille d’argent à Tryon, il a montré au monde entier combien il était mentalement fort ».
La prestation remarquable de Clooney à Rotterdam confirme la pertinence du jugement de son propriétaire .
Et maintenant, place à la fête. Le nouveau champion d’Europe était impatiemment attendu dimanche soir par ses supporters à l’aéroport de Zurich pour son arrivée prévue à 21h30.
Le classement individuel, ici.