Danielle Goldstein, les plumes de la discorde
Danielle Goldstein est une cavalière du circuit 5* relativement peu connue en Europe et en France. Bien à tort. Peut-être vous êtes-vous demandé mais qui est donc cette fille avec des plumes colorées dans les cheveux ? Dani, bien évidemment. Ne vous fiez pas pourtant à l’excentricité du personnage. Celle-ci cache une cavalière déterminée, à forte personnalité, mais aussi une compétitrice redoutable (43èmemondiale) qui vise haut, très haut. Objet de commentaires peu complaisants sur les réseaux sociaux mettant en cause son originalité, elle a été défendue cette semaine par son coéquipier Daniel Bluman. La cavalière est en effet à l’origine de la création de l’équipe nationale Israélienne de saut d’obstacles, un vrai tour de force.
Côté pile il y a la compétitrice qui a fort bien démarré l’année 2019 puisqu’elle a remporté le 23 février dernier, pour la deuxième année consécutive, le Grand Prix du CSI 5* de Wellington (Floride) sur Lizziemary. A 16 ans seulement, elle remportait son premier Grand Prix s’ouvrant ainsi de belles perspectives. Mais les études universitaires l’ont éloigné quelque temps des chevaux. L’envie de faire autre chose également car l’adolescente d’alors a bien conscience de son absence de vie sociale du fait de sa passion chronophage. Elle y revient par la suite, comme beaucoup. Mais le retour pourtant n’est pas évident, perte des automatismes et surtout de la confiance constituent des obstacles imprévus. Elle les surmonte à force de sacrifices et de travail. Grâce aussi à l’accompagnement de Todd Minikus, une figure du saut d’obstacles aux Etats-Unis. Deux ans et demi plus tard, Danielle Goldstein était revenue dans le grand bain.
L’appétit vient en mangeant. Dani ne cache pas ses objectifs : aller aux Jeux olympiques et ramener une médaille. En 2010, elle opte pour la nationalité Israélienne avec la ferme intention de créer une équipe. Le pari est osé car si la fédération équestre israélienne existe depuis un demi-siècle, le pays compte peu de cavaliers professionnels de haut-niveau. A force de démarchage, le pari est gagné en 2014 avec pour la première fois la participation d’une équipe frappée de l’étoile de David (Elad Yaniv, Danielle Goldstein, Gabby Salick, Edouard de Rothschild) dans une Coupe des Nations. Par la suite des poids lourds rejoignent ces pionniers. Lors des derniers Jeux Equestres Mondiaux de Tryon, à l’automne 2018, le groupe (cf photo) constitué de Daniel Bluman, Danielle Goldstein, Ashlee Bond et Alberto Michan termine à la 13èmeplace sur 23.
Côté face, on vous a prévenu et l’intéressée l’assume, Dani Goldstein est un peu excentrique. Comme aurait dit notre regretté Johnny national, « cette fille-là, elle est terrible ». Passe pour les bottes et les habits, ce qui retient l’attention, ce sont les rajouts de plumes dans les cheveux. La majorité des professionnels en sourient et, à l’image de Todd Minikus et Daniel Bluman, et invitent l’intéressée à ne rien changer, d’autres saluent une bouffée d’air frais dans un milieu corseté par les traditions et le bon goût officiel.
« J’ai toujours eu un problème avec l’autorité » s’en amuse Danielle à désormais 34 ans même si certaines piques auraient tendances à l’agacer fortement. Mais peu importe. Les attaques dont elle est victime ont poussé Daniel Bluman à se fendre d’un post pour défendre sa co-équipière. « La diversité est saine. Etre différent, c’est bien » écrit-il notamment. Il y avait une équipe israélienne sur le papier. Il y a désormais un esprit d’équipe affiché et cela constitue une nouvelle victoire pour la fantasque Danielle Goldstein.