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FEI : malgré un bilan contrasté Ingmar De Vos réélu à l’unanimité

FEI President Ingmar De Vos
Ingmar De Vos. Crédit FEI.

Si le cheval est le meilleur ami de l’homme, les puissances pétrolières moyen-orientales sont les meilleurs amies des instances équestres internationales. Le fait que l’assemblée générale de la Fédération équestre internationale (FEI) se soit déroulée au Bahreïn ne doit rien au hasard. Les monarchies du golfe à coups de pétrodollars se sont faites une place importante dans la vieille maison s’assurant ainsi une relative impunité dans la principale discipline où elles excellent, l’endurance, parfois au prix de sérieux accrocs avec l’éthique.

Véritable reconnaissance de ses pairs ou signe tangible d’une crise démocratique, Ingmar De Vos était le seul candidat en lice pour la présidence de la FEI, poste qu’il occupe depuis 2014. Élu sans surprise et à l’unanimité des 133 fédérations nationales, il conduira donc la destinée des sports équestres pour quatre années supplémentaires avec un atout de plus dans sa manche puisqu’il siège désormais au Comité international olympique (CIO) depuis 2017 et a été désigné la semaine dernière membre du Comité exécutif de l’Agence mondiale antidopage (AMA).

Qui est Ingmar de Vos et quel est son projet ? Il y a peu de chances que le cavalier lambda puisse répondre à ces deux questions. Ce Belge de 55 ans est un pur produit des institutions équestres où il a passé toute sa vie professionnelle à l’exception d’une incartade à ses débuts dans le milieu politique du plat pays. Directeur et secrétaire général de la fédération équestre belge, de 1990 à 2010, il est recruté en 2011 comme secrétaire général de la FEI alors présidée par Haya de Jordanie et mène des réformes importantes en matière de communication, de stratégie commerciale mais aussi de débats internes avec la création du Forum sportif FEI en 2012. En 2014, il succède à la princesse Haya qui ne se représentait pas et modifie les statuts de la FEI pour allouer une rémunération à la fonction de président au motif que cette fonction ne doit pas être réservée à des personnes fortunées.

Sous sa direction, cet homme du sérail va conduire de nombreuses réformes visant à développer le caractère universaliste des sports équestres en s’appuyant sur une stratégie de développement de la diffusion TV et des médias numériques. Pour autant, certains dossiers restent en souffrance. Le bien-être des équidés bien que proclamé débouche difficilement sur des mesures concrètes. C’est vrai en jumping, discipline la plus médiatique, mais surtout en endurance où la FEI apparaît comme incapable de mettre un terme aux nombreuses dérives des cavaliers des états du Golfe. Par ailleurs, après le succès de l’organisation des Jeux Équestres Mondiaux à Caen en 2014, les Jeux de Tryon (2018), ratés, remettent en cause l’existence même d’une formule mondiale réunissant toutes les disciplines. Des inquiétudes subsistent également sur le format des sports équestres aux Jeux Olympiques mais aussi sur le financement du circuit des Coupes des Nations.

Ingmar De Vos revient sur ces sujets dans sa feuille de route pour 2018-2022 qu’il veut inscrire dans la continuité de son premier mandat.C’est vrai que beaucoup de choses restent à faire mais, de simples déclarations de bonnes intentions seront-elles suffisantes ? Quid surtout de la place des athlètes dans la prise de décisions majeures pour l’avenir du sport ? On peut demeurer dubitatif quand on constate le peu d’attention portée aux cris d’alertes de l’IJRC, l’association des cavaliers internationaux de saut d’obstacles, ou même de celle des propriétaires de chevaux (Jumping Owners Club). N’assisterait-on pas dans les faits à un glissement vers le modèle de la FIFA où l’argent et les représentants des fédérations nationales seraient les véritables rois ?

Dans son discours de remerciements, Ingmar De Vos s’est voulu consensuel a défaut d’être rassurant : « Je crois en notre sport, en notre communauté et en notre potentiel. C’est une période excitante pour l’équitation. Nous grandissons, notre public s’élargit, nous avons sept incroyables disciplines à promouvoir. Ensemble -et ce mot est important- nous pouvons et nous devons continuer de développer notre sport pour attirer d’autres athlètes, d’autres fans et de nouveaux sponsors. Nous le ferons en assurant un sport exceptionnel, des formats de pointe et des produits de qualité dans le monde entier pour mettre en valeur les attributs uniques de nos disciplines et du sport.
L’une de mes plus grandes priorités est de garder notre communauté soudée parce que c’est comme cela que nous pouvons amener le sport à progresser. Nous sommes engagés dans cette aventure ensemble. Ce n’est pas la mission d’un seul homme mais celui d’une communauté et je suis reconnaissant envers tout le monde dans cette pièce pour ce que nous avons accompli et ce que nous allons accomplir. »

De jolis mots, certes,  mais qui doivent appeler à la vigilance tant les transformations qui se profilent, majeures, pourraient défigurer les sports équestres.

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