Polémique

Jeux Olympiques : la FFE veut son Lamotte-Beuvron 2024

logo_paris2024_footer_0Malheureusement l’information ne relève pas du Gorafi même s’il faut se pincer deux fois avant de se résoudre à son caractère bien réel. Alors que le CIO a retenu la candidature de Paris pour l’organisation des Jeux Olympiques de 2024 sur la base d’un dossier positionnant une majorité d’épreuves dans des lieux emblématiques, dont l’équitation à Versailles, la Fédération Française d’Equitation, pourtant associée au dossier de candidature, fait aujourd’hui marche arrière. Elle demande désormais officiellement que les épreuves équestres se déroulent dans son parc fédéral à Lamotte-Beuvron. Un revirement à 180 degrés justifié à postériori par des raisons de perennité et de ruralité (!). Plus prosaïquement, les dirigeants de la FFE aimeraient bien profiter de la manne financière des jeux olympiques pour améliorer des installations de second ordre dont l’histoire est sujette à polémique. Parti pris.

La FFE et les jeux olympiques, c’est un peu l’image des mouettes suivant le chalutier. Peu importe sa direction, ce qui compte, c’est de récupérer les sardines qui seront rejetées à la mer. Cette position attentiste ne sert pas en tous cas l’image de la FFE et à travers elle de l’équitation hexagonale. Comment peut-on en effet s’engager derrière un dossier aussi lourd et sérieux que celui d’une candidature à l’organisation de Jeux Olympiques, premier événement sportif planétaire très loin devant tous les autres, pour renier, une fois l’attribution faite sa signature et donc son engagement ? Car il y a bien un avant, le temps de la candidature, et un après celui de la mise en œuvre du dossier initial.

L’avant, un peu vite oublié, c’est la concurrence féroce entre villes-monde pour décrocher l’accueil des JO. Rappelons à cet égard que ce n’est pas la France, et encore moins Lamotte-Beuvron, qui se sont vues décerner la difficile mission d’organiser les Jeux de 2024. C’est Paris. Alors certes, Versailles ce n’est pas Paris mais si le choix du CIO s’est porté sur la capitale Française c’est parce que le dossier repose sur l’organisation d’un maximum d’épreuves dans des lieux mythiques connus ou fantasmés dans le monde entier.

Dans ce contexte, les déclarations de Serge Lecomte, président de la FFE, à l’AFP le 3 mai dernier sont justes surréalistes pour ne pas dire irresponsables. A moins qu’il ne s’agisse de donner du sens à la construction en 2017 du plus grand manège équestre de France au sein du parc fédéral. Du côté du Comité d’organisation (COJO) on s’est déclaré « un peu surpris » avant de rappeler que, « c’est la FFE qui a proposé Versailles il y a deux ans. Et la Fédération équestre internationale (FEI) considère que c’est un site exceptionnel pour faire la promotion de l’équitation au niveau mondial ».

Et ce n’est pas l’entretien accordé le 11 mai par Pascal Deboudt à France Bleu qui va dissiper le malaise. Le président du comité régional d’équitation en Centre-Val-de-Loire ne semble pas avoir saisi la dimension et la portée des Jeux Olympiques lorsqu’il évoque la ruralité ou les 16 000 cavaliers accueillis annuellement dans le parc fédéral. Pour rappel, le Château de Versailles, c’est six millions de visiteurs chaque année…

Le débat qui agite aujourd’hui le petit monde de l’équitation hexagonale a-t-il un sens ? Sur le fond sans doute. Sur la forme et le moment où il se déroule, sûrement pas. Il laisse un goût amer en bouche. Celui d’une fédération repliée dans ses installations solognotes et coupée du sport de haut niveau avec ses enjeux financiers, à l’image de sa totale absence des structures sportives internationales.

Alors que les Jeux sont l’occasion d’offrir une superbe vitrine de la filière équestre française comme ce fût le cas lors des Jeux Mondiaux à Caen en 2014, la FFE joue petits-bras et petits arrangements en se positionnant de façon surannée comme le défenseur des poneys club et des amateurs sur lesquels elle a construit un modèle financier particulièrement rentable. Son rôle pourtant serait de veiller à la bonne articulation entre sport de masse et haut niveau. Mais après tout, que le milieu équestre français assume ses responsabilités. Serge Lecomte est un président de fédération démocratiquement ré-élu par ses pairs même s’il y aurait beaucoup à dire du système électoral en place. Mais ça, c’est un autre vaste sujet.

 

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