Coupe du Monde

Bordeaux : Fuchs plus fort de la tête et des jambes

Martin Fuchs et Conner Jei. © Henry Moreigne

On pourrait retenir de cette édition 2025 de l’étape Coupe du monde de Bordeaux le coup de maître de Martin Fuchs (Conner Jei) qui signe par une victoire sa première participation. Il ne faudrait pas pour autant passer sous silence l’engagement de Fuchs et de son compatriote Guerdat dans la défense d’une certaine vision de leur sport. 

Côté scène, il y a le bon coup sportif de Fuchs qui par sa victoire arrache in extremis sa qualification pour la finale de Coupe du monde à Bâle (Suisse), en avril. Cela peut surprendre les Français dont le sentiment patriotique s’est considérablement érodé ces dernières années, mais chez les Helvètes, le pays ça compte. Martin Fuchs défendra donc ses couleurs « à la maison ».

Côté coulisses justement, le sentiment national avait écorné quelques jours plus tôt, lorsque la FEI avait communiqué la liste des concours labellisés Ligue des nations pour 2025. Saint Gall, le mythique concours suisse, avait été rayé d’un trait de plume au profit de destinations plus exotiques, plus fortunées, mais sans tradition équestre, ni public.

Dans le silence assourdissant du milieu 5*, seuls les enfants spirituels de Guillaume Tell ont osé ruer dans les brancards et rendre public leur désaccord en annonçant leur boycott de la LdN 2025. Sous la pression croissante des intérêts financiers multiples, le visage du jumping de haut niveau a considérablement évolué ces dernières années. Rarement pour le mieux. Fuchs et Guerdat ont eu le courage de dire ouvertement à la FEI tout le mal qu’ils pensent des dérives actuelles qui transforment le jumping en produit aseptisé de consommation courante, effaçant ce qui a longtemps fait sa force, à savoir être une tradition et une culture à part entière. Les deux hommes peuvent d’autant plus le dire, que ce sont deux grands champions, au sommet de leur art. Leur réaction ne relève donc pas d’une acrimonie, mais d’un amour sincère pour leur sport et d’une éthique sportive.

Il y a peu de chance pourtant que leur mouvement d’humeur soit entendu. Personne ne veut trop l’avouer, mais le jumping a totalement échappé ces dernières décennies au contrôle des cavaliers. Les athlètes n’ont plus voix au chapitre, encore moins droit de véto, dans l’évolution des règles. Ils font juste de la figuration dans les instances internationales. Ici, comme ailleurs, les financiers ont pris le pouvoir. L’IJRC, bien malgré, elle formule des avis qui sont poliment écoutés, très (trop) rarement pris en compte.

Il n’y avait malheureusement pas de chefs à plumes de la FEI à la conférence de presse post-Grand Prix de Bordeaux. C’est bien dommage. Ils auraient pu entendre Martin Fuchs rappeler avec une fermeté enrobée de douceur ses vérités. « J’aime ces concours où les tribunes sont remplies et le public est connaisseur et chaleureux. Je suis donc vraiment content ce soir. Les concours comme ici et l’été à Falsterbo, Dinard, La Baule ont un public et une atmosphère unique. Il faut les soutenir. C’est bien d’avoir de nouveaux concours comme Abou Dabi ou Ocala (USA), mais il faut d’abord qu’ils fassent leurs preuves et qu’ils aient du public avant de remplacer les meilleurs concours du monde. »

Anecdotique ? Pour certains peut-être. A moins qu’il ne s’agisse d’une réaction salutaire qu’il faut saluer et encourager.

Le classement complet, ici.

https://youtu.be/ITHxu94836I?si=oyBNDPM5zVChm5-X

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