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George Morris, victime de Maccarthysme moderne

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Georges Morris, à gauche, et son élève Andrew Ramsay (archives)

Les États-Unis sont un pays de contraste dans lequel on peut porter des personnalités au pinacle puis soudainement, dans un revirement total d’opinion, les lyncher médiatiquement avant de les bannir de la société. On se souvient des tristes dérives du Maccarthysme des années 50 où un anticommunisme hystérique avait conduit à la chasse de pseudo agents rouge infiltrés. Un moment peu glorieux de l’histoire américaine ou une commission présidée par le triste sénateur McCarthy avait quasiment droit de vie ou de mort sociétale sur des individus anonymes ou célèbres. Bis repetita. Le pays de l’Oncle Sam s’est engagé depuis quelque temps dans une nouvelle croisade, la chasse aux agressions sexuelles dans le domaine du sport. Une agence fédérale (Safesport) a été créée pour lutter contre les abus dans le sport avec la finesse d’un éléphant dans un magasin de sport. Des sportifs accusés ont vu leur carrière brisée, d’autres se sont suicidés. Sauf que les accusations d’une agence, ne sont pas des décisions de justice prises par un tribunal à l’issue d’un procès qui respecte les droits de la défense. Aujourd’hui c’est George Morris, icône de l’équitation américaine, qui est accusé de « méconduite sexuelle impliquant un mineur ». Des faits qui seraient survenus entre 1968 et 1972. Âgé de 81 ans, Georges Morris clame son innocence et conteste le fait que, sans ambages, la Fédération équestre américaine l’a, en raison des accusations portées contre lui, suspendu à vie.

Jamais le fossé n’aura été si grand entre la vieille Europe et ce nouveau monde où les pratiques du far-west ressortent de temps en temps. Quid de la présomption d’innocence, du droit à l’oubli qu’en jargon juridique on appelle prescription des faits et surtout, du droit à un procès équitable ? Triste spectacle d’une société décadente qui joue les puritaines, où l’émotion l’emporte sur la raison. Il ne s’agit pas aujourd’hui de savoir si George Morris est coupable mais de ne pas ajouter dans un réflexe moutonnier sa voix à celle de la meute. Il convient de rappeler qu’on ne jette pas ainsi l’honneur d’un homme aux chiens sans lui permettre de présenter sa défense. La justice ce n’est ni la vengeance ni l’obscurantisme d’une inquisition moderne. C’est donc à George Morris que nous laisserons le mot de conclusion : “Je conteste pleinement ce verdict et j’ai entamé un processus de contestation. J’ai dévoué ma vie aux sports équestres et à la formation de futurs grands cavaliers, entraîneurs et athlètes olympiques. Toute allégation suggérant que j’aurais blessé un quelconque individu nuit à la communauté équestre et à ce sport que j’aime tant.“

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