Disparition

Avec la disparition de Rêveur de Hurtebise, une page des sports équestres se tourne

Rêveur de Hurtebise sous la selle de Kevin Staut. © Henry Moreigne

C’est par le biais des réseaux sociaux que le Haras des Coudrettes (HDC) a annoncé ce 11 mai la disparition de l’un de ses plus prestigieux protégés, Rêveur de Hurtebise*HDC, à l’âge de 24 ans. Associé à Kevin Staut, cet hongre alezan a marqué l’histoire de l’équitation française. Pilier de l’équipe de France, il s’est illustré par de nombreux faits d’armes dont l’un l’a fait définitivement entrer dans la légende des sports équestres : le titre olympique par équipe décroché à Rio.

Né en 2001 à l’élevage de Hurtebise à Soignies, en Belgique, Rêveur de Hurtebise, enregistré au stud-book belge (SBS), est le fruit d’un croisement entre Kashmir van Schuttershof et Laika du Radoux. Acquis poulain par les Écuries d’Écaussinnes, il débute sa carrière sous la selle de la cavalière suédoise Malin Baryard-Johnsson, qui le révèle sur la scène internationale. En 2011, il est élu cheval de sport belge de l’année, témoignant déjà de son immense potentiel.

En avril 2012, Rêveur est acquis par la famille Perron-Pette et rejoint le Haras des Coudrettes, dans le Calvados. Il passe sous la selle de Kevin Staut. Très vite le couple devient iconique. Dès leur première saison ensemble, ils remportent le Grand Prix CSI 5* du Longines Global Champions Tour de Monte-Carlo, révélant une osmose parfaite.

Rêveur excelle dans les compétitions par équipe, devenant une pièce maîtresse de l’équipe de France. En 2014, il contribue à la médaille d’argent par équipe aux Jeux Équestres Mondiaux de Caen. Deux ans plus tard, à Rio de Janeiro, il offre à la France l’or olympique par équipe avec un double sans-faute mémorable, aux côtés de Rahotep de Toscane, Sydney Une Prince et Flora de Mariposa. En 2017, il signe une victoire individuelle prestigieuse en remportant la finale du Top 10 Rolex IJRC à Genève, prouvant qu’il pouvait aussi briller en solo.

On retiendra également ses victoires dans les Coupes des Nations de La Baule (2014 et 2017), Rotterdam (2014) et Gijón (2012), ainsi que le Grand Prix Coupe du Monde de Bordeaux en 2016. À 17 ans, en 2018, il réalise encore une performance remarquable à Aix-la-Chapelle, terminant deuxième d’une épreuve à 1,55 m, démontrant une longévité exceptionnelle. Ce sera sont sachant du cygne.

En 2018, après une prestation décevante lors de la finale de la Coupe du Monde à Paris, Kevin Staut et le Haras des Coudrettes prennent une décision empreinte de respect : accorder à ce champion de 17 ans une retraite bien méritée. « Il vient juste de nous dire que cela ne l’amuse plus autant qu’aux JEM de Caen, qu’il ne prend plus autant de plaisir qu’à Rio », déclare alors le Haras des Coudrettes dans un communiqué émouvant.

Rêveur fait ses adieux officiels à la compétition en mai 2019, lors du CSIO 5* de La Baule. Le crack tire sa révérence après une carrière riche de près de 1,3 million d’euros de gains.

En 2017, la France remportait la Coupe des nations de La Baule avec notamment Kevin Staut et Rêveur de Hurtebise.

La disparition de Rêveur de Hurtebise marque la fin d’une ère. Kevin Staut, qui le considérait comme l’un des chevaux les plus importants de sa carrière, n’a jamais caché l’attachement profond qui les unissait. « Je l’aime profondément », confiait-il en 2014 dans un reportage de Canal+. Rêveur, avec son intelligence rare, son respect de la barre et sa très grande générosité, a incarné l’excellence équestre.

Avec la sensibilité et la finesse qui le caractérise, la famille Perron-Pette rend un long et vibrant hommage à son champion disparu sur la page Facebook de HDC. Elle précise que, « depuis ses adieux au CSIO de La Baule en 2019, Rêveur coulait des jours heureux au Haras des Coudrettes sous nos fenêtres, partageant ses journées au paddock avec Lacrimoso. Nous voulons remercier du fond du cœur tout l’équipe HDC et tout particulièrement Julie, Sébastien, Tristan et Jean Loïc qui ont choyé Rêveur ces 6 dernières années. Notre peine est immense ». 

Une peine largement partagée si on en croît les très nombreuses réactions suscitées par cette triste nouvelle.

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