Polémique

Et si on limitait le nombre annuel de tours pour les chevaux en 5* ?

Rob
Roh Ehrens, sélectionneur national et fier de l’être.

Aux Pays-Bas, les sports équestres, c’est du sérieux. Suffisamment pour que le premier quotidien du pays, De Telegraaf, consacre le 29 janvier, à l’occasion du CSI 5* d’Amsterdam, un entretien fouillé au sélectionneur de l’équipe nationale néerlandaise de saut d’obstacles. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Rob Ehrens ne mâche pas ses mots face à l’évolution du petit monde du 5*. Perplexe face à un circuit devenu « une industrie » il s’interroge, entre autres, sur le bien-être des chevaux malmenés par des calendriers surchargés. Et si, en creux, la solution consistait à limiter le nombre annuel de tours en 5* ?

Rob Ehrens fait partie des personnes dont la parole est en or. Ancien cavalier international qui compte une trentaine de victoires en Grand Prix, il est l’inamovible sélectionneur national des Pays-Bas depuis 15 ans, une longévité qui au passage devrait interpeller notre fédération. Avec une telle expérience, l’homme est un témoin privilégié de l’évolution d’un sport bousculé par les enjeux financiers ces dernières années. Alors quand Rob Ehrens livre son avis, il est de bon ton de l’écouter même si du côté des instances de la FEI, une certaine surdité semble prévaloir.

« En raison d’une énorme quantité de CSI 5*, le sport est devenu une sorte d’industrie. Nous n’avons plus autant de chevaux disponibles pour le haut-niveau et les championnats. Bien-sûr, il est difficile de résister à la tentation des grosses dotations. C’est d’autant plus compréhensible que les cavaliers gagnent leur vie avec les gains. Mais en conséquence, les chevaux ne prennent plus le temps de se reposer, ils rentrent à peine chez eux et voyagent de concours en concours. On ne leur donne de repos que lorsqu’ils sont blessés et c’est déjà trop tard« .  La FEI laisse libre court à des événements lucratifs. Les priorités sont complètement faussées. La FEI doit être là pour protéger avant tout le bien-être des chevaux. Je travaille en collaboration avec d’autres chefs d’équipe pour cela. Nous défendons le sport et les chevaux, cette évolution ne nous fait pas plaisir« , explique le selectionneur national Batave. 

Le constat largement partagé, c’est celui dressé déjà par Hervé Godignon. A savoir que l’on assiste à un nivellement par le haut avec beaucoup de bons cavaliers mais pas assez de très bons chevaux. Cavaliers et entraîneurs sont donc confrontés à un double défi : le mercato avec la fuite des meilleurs montures d’une part et, de l’autre, une course aux gains incompatible avec le bien-être des chevaux, trop sollicités, qui se traduit par ricochet, par la difficulté à aligner les meilleurs couples dans les championnats ou épreuves collectives.

La solution passe-t-elle par un système de quotas avec un nombre maximum de tours par cheval et par an comme pour les jeunes chevaux ou par le fait d’imposer des délais obligatoires de repos après une série de Grand Prix ? La question est complexe mais il faudrait analyser le coût et la perte de gains liés aux blessures ainsi que la longévité sportive des cracks chevaux. La course à l’argent, inexorablement engagée, doit aller au bout de sa logique pour considérer que le bien-être du cheval n’est pas une lubie liée à un excès de sentimentalisme mais, un choix rationnel de préservation d’un capital.

Une réflexion sur “Et si on limitait le nombre annuel de tours pour les chevaux en 5* ?

  • Mais on nous assurera sûrement que ces chevaux ne manquent de rien, aiment le saut à gogo et sont chouchoutés…j’ai l’impression qu’un retour en arrière s’opère avec l’instrumentalisation des chevaux…étant donné les profits que tout cela génère j’imagine que la FFE fera sûrement la sourde oreille….

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