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Global Champions Tour vs FEI : logique marchande contre logique sportive

Jan Tops
Jan Tops, heureux fondateur du LGCT.

Jan Tops est beaucoup plus qu’un simple ex cavalier de haut niveau (médaille d’or par équipe aux JO de Barcelone en 1992) et un redoutable marchand de chevaux. C’est avant tout un homme d’affaires doté de la bosse du commerce comme savent si bien en produire les Pays-Bas depuis des siècles.

La création du Global Champions Tour en 2006 s’inscrit pleinement dans cette filiation : créer une machine à cash reposant sur un concept proche de la Formule 1 où la crème des meilleurs couples chevaux-cavaliers (ou à défaut très très fortunés) se retrouvent sur le circuit le mieux doté au monde (9 millions €) se déroulant dans des lieux prestigieux.

Le concept est efficace et séduisant. En juin 2014, le très avisé businessman américain Frank McCourt faisait l’acquisition (pour un montant resté confidentiel) de 50% des parts du LGCT. Un investissement qu’il justifiait alors par le fait que le jumping de haut niveau par son côté stars et bling-bling a une marge de progression très forte en termes d’audience tv aux USA mais surtout en Asie.

En septembre 2014, à l’occasion de l’étape de Vienne, les organisateurs du Longines Global Champions Tour indiquaient vouloir introduire pour la saison 2015 des épreuves par équipes (composées de quatre cavaliers issus du Top 30, sans lien avec une nationalité), sur un principe issu … du football avec des dotations pour ces épreuves de 7,5 millions d’euros par saison, ce qui porterait la dotation totale annuelle du LGCT à 20 millions de dollars.

Cette annonce unilatérale plaçait au pied du mur la FEI à quelques mois d’un renouvellement de son exécutif. Cette dernière pensait avoir trouvé la parade en s’appuyant sur une clause d’exclusivité interdisant aux cavaliers et officiels de prendre part à une compétition hors FEI sans respecter un délai de six mois entre ces concours et un évènement approuvé par la FEI.

Pas de quoi pourtant émoustiller Jan Tops qui décidait, face à des négociations infructueuses, de saisir de l’Autorité Belge de la Concurrence (ABC), comme pour un simple litige commercial, pour non respect du droit européen de la concurrence.

Tout naturellement, cette dernière vient de trancher en faveur du Global Champions Tour en imposant comme mesure provisoire la levée de cette clause, ce qui signifie qu’aucun cavalier ne sera pénalisé s’il participe à un évènement de la Global Champions League. Pour autant, l’affaire est juridiquement loin d’être close tant les intérêts qu’elle soulève sont importants et dépassent le seul cadre équestre.

Il s’agit en effet ni plus ni moins que d’une remise en cause des prérogatives des fédérations sportives sur leurs licenciés. La décision juridique définitive qui sera prise impactera largement l’avenir de la FEI dont le plus grand risque est de se voir ringardisée par des organisateurs privés. Aujourd’hui déjà les Coupes des Nations ont beaucoup perdu de leur éclat face à des épreuves du LGCT qui se déroulent souvent aux mêmes datent, plaçant de se fait les cavaliers dans des situations inconfortables, les obligeant au grand écart entre l’honneur de défendre les couleurs nationales et les contraintes financières de leurs propriétaires.

0 réflexion sur “Global Champions Tour vs FEI : logique marchande contre logique sportive

  • Kertanguy

    Article très pertinent, mais vision angélique du statut de la FEI, où l’argent fait aussi la loi et où la morale et l’éthique ont parfois leurs limites.

    Le circuit du GCT est une machine à cash parfaitement rodée, avec un mode de fonctionnement sans faille. C’est plutôt à eux qu’il aurait fallu confier l’organisation des JEM de Normandie 2014, dont l’équipe a démontré sa totale incompétence il y a moins d’un an.

    @ekertanguy

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